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Seize sièges sociaux du Québec vulnérables

La défense des sièges sociaux fait l’objet de débats depuis le rachat de Rona par Lowe’s. Une étude apporte un éclairage sur les enjeux et les solutions pour protéger les centres de décision au Québec.

Signée Yvan Allaire, l’étude portant le titre Les sièges sociaux des grandes entreprises du Québec sont-ils en péril ? identifie 16 entreprises québécoises comptant au moins 1 milliard de revenus comme étant vulnérables à une prise de contrôle hostile. Le nombre de sociétés à risque passe à 37 quand on considère à la fois le risque d’être l’objet d’une offre hostile ou d’une offre amicale.

Rappelons que l’achat de Rona a fait l’objet d’une offre amicale par Lowe’s la seconde fois.

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Plus de grandes entreprises au Québec

Le nombre de grandes entreprises ayant leur siège social au Québec a augmenté en 11 ans, passant de 58 en 2004 à 69 en 2015, selon l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP).

Ainsi, malgré les pertes de sièges sociaux relevées par différents acteurs du milieu économique, le nombre de grandes entreprises a progressé de 20 %.

Pour son étude sur les sièges sociaux, l’IGOPP a choisi de définir comme grande entreprise celle ayant des revenus supérieurs à un milliard de dollars en 2015. L’idée était de savoir si les sièges sociaux des grandes entreprises du Québec étaient en péril ou non.

Pas de protection

Selon les auteurs Yvan Allaire et François Dauphin, sur les 69 grandes compagnies qui ont leur siège juridique au Québec, six sont des sociétés d’État ou parapubliques; quatre fonctionnent sous le mode coopératif (ou une forme similaire), 14 sont des filiales étrangères et 45 sont des sociétés par actions.

De ce dernier nombre, 16 n’avaient pas de protection contre une offre d’achat hostile en 2015 comparativement à 11 en 2004.

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« IGOPP is publishing a research study on corporate head offices located in Quebec »

« More than six months after the fact, the sale of Rona to Lowe’s, a U.S. corporation, continues to generate political controversy. This raises the question: how many large Quebec corporations are vulnerable to a foreign takeover with the consequent loss, sooner or later, of the strategic functions associated with their head offices. Such a takeover can take a so-called « hostile » or « friendly » form, depending on whether the management of the targeted company is in favour of or opposed to the transaction.

The Institute for Governance (IGOPP) is today publishing a research study, prepared by its Executive Chair, Dr. Yvan Allaire, and Director of Research, François Dauphin, which takes as its starting point the list of the FP500 (the largest Canadian corporations based on their revenues in 2015), and which defines firms as « large » where they post revenues of more than $1 billion. In 2015, some 69 firms with headquarters in Quebec qualified as « large » corporations. Of these, 45 were business corporations, of which 21 had a « controlling » shareholder or shareholders, and 24 were publicly held corporations with a dispersed share ownership.

At the end of the day, only 16 of the 69 largest Quebec corporations have no protection against a hostile takeover bid.

We conclude that the risk of losing head offices located in Quebec, while real, does not primarily stem from hostile takeovers by firms outside Quebec. Friendly transactions represent a greater risk in the current context. Finally, a market economy inevitably leads to the disappearance of companies from the group of so-called « large corporations ». What is important is Quebec’s entrepreneurial spirit and its ability to renew the stock of large corporations with decision-making centers in Quebec.

The report contains three specific recommendations. » Lire la suite

Les sièges sociaux des grandes entreprises du Québec sont-ils en péril?

Plus de six mois après le fait, la vente de Rona à la société américaine Lowe’s continue de créer des remous politiques. Une première tentative d’acquisition de Rona par Lowe’s en 2012 avait pris un caractère plus ou moins hostile, ce qui avait suscité une vigoureuse réaction de la part du gouvernement du Québec. Celui-ci ordonna aux institutions financières sous son contrôle (Investissement Québec) et incita celles susceptibles à son influence (la Caisse de dépôt et placement, le Fonds de solidarité de la FTQ) de prendre une position de blocage dans l’actionnariat de Rona. Ce qui fut fait afin de conserver le siège social au Québec.

Lowe’s se retira alors de l’opération. Mais les négociations reprirent en 2015 afin de conclure une transaction « amicale » cette fois-ci. Le conseil d’administration de Rona approuva alors unanimement la vente de la société à Lowe’s, sans que le gouvernement du Québec ne formule quelque objection devant la disparition graduelle du siège social de Rona.

La question est posée : combien de grandes sociétés québécoises pourraient être achetées par des entreprises venues d’ailleurs avec comme conséquence la perte, à court ou à long terme, des fonctions stratégiques associées à leur siège social. Cette démarche d’achat peut prendre une forme dite « hostile » ou « amicale » selon que la direction de l’entreprise ciblée appuie la transaction ou s’y oppose.

Les grandes entreprises québécoises à risque de prise de contrôle hostile

En utilisant comme point de départ la liste du FP500 (les plus importantes sociétés canadiennes selon leurs revenus en 2015), nous avons choisi de définir une entreprise comme “grande” si elle affiche des revenus supérieurs à un milliard de dollars.

En 2015, quelque 69 sociétés dont le siège juridique est situé au Québec se qualifiaient comme «grandes». Lesquelles de ces 69 sociétés sont vulnérables à une offre d’achat non souhaitée?

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Les propos de ce texte n’engagent que les auteurs.

Des PDG aux salaires faramineux

Le développement économique demeure sans contredit un levier essentiel dans toute société. Le Québec et le Canada ne font pas exception. Nous sortons à peine de politiques économiques marquées du sceau de l’austérité qui, avouons-le, laisseront une empreinte indélébile au sein de ce que l’on appelait jadis le «Québec inc.». Toutefois, force nous est de constater que la rémunération des hauts dirigeants d’entreprises de chez nous ne semble pas avoir trop souffert du couperet.

[…]

Quel est le juste milieu? Nous le savons tous, le partage raisonnable de la richesse et des revenus n’est pas seulement qu’un enjeu de justice sociale. Il est aussi un important facteur de paix sociale et un incontournable moteur de croissance économique.

C’est ce que prônaient Yvan Allaire, de l’Institut de la gouvernance, et Mihaela Firsirotu, professeure à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, lors du récent Forum économique mondial : «les systèmes de rémunération doivent inspirer la confiance, communiquer un sentiment d’équité au sein de l’entreprise et autour d’elle, nourrir chez les membres de l’organisation la conviction que «nous sommes tous dans le même bateau» et participer d’une vision à long terme de la société.»

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« Making Say-on-Pay Vote Binding: A Good Idea? »

« The practice of a non-binding say-on-pay vote by shareholders spread quickly and broadly. It seemed that, finally, shareholders would be given the opportunity to express their dissatisfaction with outrageous or ill-conceived compensation packages.

The practice, at first, was voluntary with companies agreeing to submit their compensation policies to a vote. Then, as the number of volunteers remained small, investors submitted proposals whereby shareholders were to vote for or against the company having to carry out a non-binding vote on pay.

In some jurisdictions (the U.S. for instance), non-binding say-on-pay votes were made mandatory. In Canada, say-on-pay vote is not mandated but 80% of the largest companies have adopted the practice voluntarily or as a result of pressures by investors.

Now that say-on-pay has been around for a few years, what does research tell us about its effectiveness? Academic studies provide a mixed view at best. It would appear that say-on-pay has led to more dialogue between the company and large shareholders but did not stop the rise in executive compensation.

Some findings are disturbing as they point to unintended consequences. For instance, studies tend to show that shareholders vote according to the company’s recent share return rather than relying on an analysis of its specific compensation policies and practices. If the company’s stock performs well compared to its peers, almost any compensation package will be approved. This perverse result tends to increase the pressure on management to focus on short-term stock performance, sometimes through decisions that may impact negatively future performance.

But this result is not surprising. The challenge of reading and understanding the particulars of executive compensation has become far more daunting. Indeed, for the 50 largest (by market cap) companies on the TSX in 2015 that were also listed back in 2000, the median number of pages to describe their compensation went from 6 in 2000 to 34 pages in 2015, ranging all the way up to 66 pages. Investors with holdings in dozens or hundreds of stocks face a formidable task. The simplest way out is either to vote per the stock’s performance or, more likely, rely on the recommendation of proxy advisory firms (which also base their “advice” on relative stock market performance)

Thus, 66% of corporate directors do not agree that say-on-pay resulted in a “right-sizing” of CEO compensation; yet 83% of these directors very much agree or somewhat agree that say-on-pay increased the influence of proxy advisors. (Source: PwC and Cleary Gottlieb 2016, Boards, shareholders, and executive pay)

Boards of directors, compensation committees and their consultants have come to realize that it is wiser and safer to toe the line and put forth pay packages that will pass muster with proxy advisory firms. The result has been a remarkable standardization of compensation, a sort of “copy and paste” across publicly listed companies.

Thus, most CEO pay packages are linked to the same metrics, whether they operate in manufacturing, retailing, banking, mining, energy, pharmaceuticals or services. For the companies on the S&P/TSX 60 index, the so-called long term compensation for their CEO in 2015 was based on total shareholder return (TSR) or the earnings per share growth (EPS) in 85% of cases. The proxy advisory firm ISS has been promoting these measures as the best way to connect compensation to performance.

In spite of, or perhaps because of, the limited usefulness of non-binding say-on-pay votes, various parties are promoting a binding shareholder vote on pay. That is, rejection by shareholders of pay packages or policies would force the board to change them and re-submit the package or policy to a shareholder vote. Promoters of this measure are a bit hazy on the details and particulars. But the notion is alluring to many investors and government policy makers.

Indeed, the UK has already adopted a form of binding say-on-pay and France has recently enacted a compulsory and binding say-on-pay for French listed companies. Shareholders of UK companies, every three years, will hold a binding vote on the remuneration policy of the company. Rejection of said policies would force the company to continue to operate according to the previous remuneration policy, or to call a general meeting and present a new remuneration policy to shareholders for approval.

UK shareholders will also vote yearly and in a non-binding way to approve the total pay (single figure) awarded to company executives.

The French government is seeking to adopt a system of shareholder votes similar to that of the UK. The enabling act is now stalled by the French senate but some version akin to the UK’s should emerge soon.

Conclusion

Should Canada go the way of the UK and France? A binding vote on executive compensation raises many technical issues: given the manifold complexity of compensation programs nowadays, what are shareholders voting on, what does a negative vote really mean? In case of a negative vote, will the company carry on with its current policies, which may be worse than the proposed and rejected policies?

At a more fundamental level, the setting of pay policies should be the preserve of the board, as Canadian corporate law clearly states. When egregious pay packages are given to executives, a say-on-pay vote, compulsory or not, binding or not, will always be much less effective than a majority of votes against the election of members of the compensation committee. But that calls upon large investment funds to show fortitude and cohesiveness in the few instances of unwarranted compensation which occur every year.

That is as it should be, notwithstanding the indirect benefits claimed for the practice of say-on-pay. »

La «protection du public», un principe négligé?

Au cours des dernières années, certains ordres professionnels du Québec furent malmenés par des événements qui ont semé le doute à leur propos dans la population : accusations de collusion envers des firmes de génie-conseil, épisode tumultueux de la gouvernance du Barreau, débat sur la rémunération des médecins spécialistes et, récemment, la mise sous tutelle de l’Ordre des ingénieurs.

La confiance dans l’éthique et l’expertise des ordres professionnels demeure une assise importante de notre vie démocratique. Il s’agit aussi d’une réalité économique importante : les 46 ordres québécois regroupent 385 000 professionnels qui versent plus de 350 millions de dollars pour le fonctionnement de ces organismes responsables du maintien des plus hauts standards de déontologie dans nombre d’aspects de notre vie quotidienne. Malgré les bonnes intentions de revoir les mécanismes d’admissibilité aux professions, la révision du Code des professions proposée dans le projet de loi 98 de la ministre de la Justice Stéphanie Vallée nous semble trop modeste et peu à même de redonner confiance au public quant au vrai rôle des ordres, soit protéger le public.

L’IGOPP propose quatre changements pour renforcer la présence et la compétence des membres externes. À l’heure actuelle, les conseils des ordres sont dominés par des membres issus de la profession, avec seulement 3 membres externes (en moyenne) sur 16. Cette participation nous semble insuffisante pour assurer la « protection le public » et soutenir une constante vigilance envers les intérêts de la population.

Nommer au moins 40 % de membres indépendants issus du public aux CA des ordres. À l’instar de l’Ontario, les ordres d’ici devraient compter 40 % de membres externes. Cette proportion accrue aura un impact positif sur la qualité des échanges des conseils et contribuera à renforcer l’impartialité des ordres.

Nommer au moins 40 % de membres externes à l’Office des professions. Modifiant la situation actuelle selon laquelle l’Office ne compte qu’un seul membre externe sur cinq, le gouvernement devrait nommer à l’Office trois membres externes sur les sept envisagés.

Instaurer une sélection plus transparente des membres externes. L’IGOPP propose la mise en place d’un Comité de sélection des membres externes pour les conseils des ordres, lequel serait composé de sept membres : le président et un autre membre de l’Office provenant des membres professionnels, deux des trois membres externes de l’Office et trois personnes choisies par le gouvernement pour leur compétence, leur expérience et leurs connaissances en matière de gouvernance, d’éthique et de protection des intérêts du public.

Assurer une solide formation des membres issus du public. La loi devrait prévoir que les candidats au conseil d’un ordre acceptent de suivre une formation de haute qualité sur la réalité propre à chaque ordre, ses priorités, ses enjeux et défis, ainsi que sur son modèle de fonctionnement. On ne peut contribuer efficacement à la gouvernance d’un organisme sans une excellente compréhension de sa réalité intrinsèque. L’Office devrait s’assurer qu’est offerte une formation obligatoire en éthique et déontologie. La formation en gouvernance devrait être assurée par des organismes ayant une expérience concrète et pratique de la formation en gouvernance tant dans le domaine public que privé.

Nous formulons quatre autres mesures pour renforcer la crédibilité des ordres professionnels :

Donner plus de visibilité au rapport du nouveau Commissaire à l’admission aux professions.

Encourager les ordres à se doter, pour l’élection des candidats au conseil, d’un profil de diversité (taille des bureaux, âge des membres…) et ne plus limiter le choix des personnes au seul critère de la diversité régionale.

Mettre en commun les services administratifs pour les ordres comptant moins de membres (1000 membres ou moins) pour donner à ces derniers les moyens de vraiment protéger le public.

Confier la gestion des fonds de prévoyance à un organisme indépendant. Les ordres représentant un grand nombre de professionnels offrent à leurs membres une foule de services d’assurance. Cette volonté de protéger les membres est légitime. Ne seraient-ils pas mieux servis par un regroupement de ces fonds de prévoyance dans un organisme indépendant sous le contrôle des participants ? Ces activités peuvent susciter une confusion de rôles et de responsabilité au sein des ordres.

La réforme proposée offre une rare occasion de renforcer la crédibilité du système professionnel et de donner au public un rôle plus important dans les orientations des 46 ordres professionnels. Le gouvernement doit proposer une gouvernance contemporaine, ouverte et transparente pour redonner ou maintenir la pleine confiance du public à l’égard des ordres professionnels. Cette gouvernance doit contribuer au maintien d’un sain équilibre entre les préoccupations légitimes des membres d’un ordre, d’une part, et la protection du public, d’autre part.

L’IGOPP présente un mémoire à la Commission des institutions sur le projet de loi 98 relatif à la gouvernance du système professionnel

Le 23 août 2016,  l’IGOPP, par l’entremise de son président exécutif du conseil, fût invité à présenter son mémoire à la Commission des institutions sur le projet de loi n° 98 : Loi modifiant diverses lois concernant principalement l’admission aux professions et la gouvernance du système professionnel.

L’IGOPP propose quatre changements pour renforcer la présence et la compétence des membres externes. À l’heure actuelle, les conseils des ordres sont dominés par des membres issus de la profession, avec seulement 3 membres externes (en moyenne) sur 16. Cette participation nous semble insuffisante pour assurer la « protection le public » et soutenir une constante vigilance envers les intérêts de la population.

Nommer au moins 40 % de membres indépendants issus du public aux CA des ordres. À l’instar de l’Ontario, les ordres d’ici devraient compter 40 % de membres externes. Cette proportion accrue aura un impact positif sur la qualité des échanges des conseils et contribuera à renforcer l’impartialité des ordres.

Nommer au moins 40 % de membres externes à l’Office des professions. Modifiant la situation actuelle selon laquelle l’Office ne compte qu’un seul membre externe sur cinq, le gouvernement devrait nommer à l’Office trois membres externes sur les sept envisagés.

Instaurer une sélection plus transparente des membres externes. L’IGOPP propose la mise en place d’un Comité de sélection des membres externes pour les conseils des ordres, lequel serait composé de sept membres : le président et un autre membre de l’Office provenant des membres professionnels, deux des trois membres externes de l’Office et trois personnes choisies par le gouvernement pour leur compétence, leur expérience et leurs connaissances en matière de gouvernance, d’éthique et de protection des intérêts du public.

Assurer une solide formation des membres issus du public. La loi devrait prévoir que les candidats au conseil d’un ordre acceptent de suivre une formation de haute qualité sur la réalité propre à chaque ordre, ses priorités, ses enjeux et défis, ainsi que sur son modèle de fonctionnement. On ne peut contribuer efficacement à la gouvernance d’un organisme sans une excellente compréhension de sa réalité intrinsèque. L’Office devrait s’assurer qu’est offerte une formation obligatoire en éthique et déontologie. La formation en gouvernance devrait être assurée par des organismes ayant une expérience concrète et pratique de la formation en gouvernance tant dans le domaine public que privé.

Nous formulons quatre autres mesures pour renforcer la crédibilité des ordres professionnels :

Donner plus de visibilité au rapport du nouveau Commissaire à l’admission aux professions.

Encourager les ordres à se doter, pour l’élection des candidats au conseil, d’un profil de diversité (taille des bureaux, âge des membres…) et ne plus limiter le choix des personnes au seul critère de la diversité régionale.

Mettre en commun les services administratifs pour les ordres comptant moins de membres (1000 membres ou moins) pour donner à ces derniers les moyens de vraiment protéger le public.

Confier la gestion des fonds de prévoyance à un organisme indépendant. Les ordres représentant un grand nombre de professionnels offrent à leurs membres une foule de services d’assurance. Cette volonté de protéger les membres est légitime. Ne seraient-ils pas mieux servis par un regroupement de ces fonds de prévoyance dans un organisme indépendant sous le contrôle des participants ? Ces activités peuvent susciter une confusion de rôles et de responsabilité au sein des ordres.

La réforme proposée offre une rare occasion de renforcer la crédibilité du système professionnel et de donner au public un rôle plus important dans les orientations des 46 ordres professionnels. Le gouvernement doit proposer une gouvernance contemporaine, ouverte et transparente pour redonner ou maintenir la pleine confiance du public à l’égard des ordres professionnels. Cette gouvernance doit contribuer au maintien d’un sain équilibre entre les préoccupations légitimes des membres d’un ordre, d’une part, et la protection du public, d’autre part.

Le président exécutif du conseil de l’IGOPP discute des actionnaires activistes à l’émission RDI Économie

Dans une entrevue accordée à l’émission RDI Économie, le président exécutif du conseil de l’IGOPP, le professeur Yvan Allaire, a apporté un éclairage sur la question des actionnaires activistes, comme Bill Ackman.  Ces actionnaires sont-ils bons ou sont-ils des poisons pour les entreprises ?

Le milliardaire américain à la tête du fonds de couverture activiste Pershing Square a liquidé ce qui restait de ses actions dans le CP après un passage pour le moins remarqué au sein du chemin de fer canadien. Un « succès » qui laissera peut-être un goût amer aux administrateurs et dirigeants des sociétés canadiennes inscrites en bourse.

Selon différentes sources, les gains réalisés par son placement dans le CP atteindraient 2,6 milliards de dollars américains pour Pershing Square. Au total, c’est entre 6 000 et 7 000 emplois qui auront été supprimés au CP pour réaliser ce beau profit.

Far West actionnarial: Bill Ackman saute d’un autre train en marche

Des gains estimés à 2,6 milliards de dollars américains réalisés par l’activiste Bill Ackman avec son placement dans la société Canadien Pacifique (CP) auraient coûté la suppression d’entre 6000 et 7000 emplois au CP, selon des sources citées par Yvan Allaire et François Dauphin dans un texte publié dans Le Devoir.

Dans ce texte intitulé « L’activisme est-il un sport payant? », Yvan Allaire, président exécutif du conseil de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), et François Dauphin, directeur de recherche, soulignent que ce milliardaire des États-Unis à la tête du fonds de couverture activiste Pershing Square aurait « liquidé » ce qui restait de ses actions du CP.

ABC de l’activiste profiteur

Les auteurs du texte laissent entendre avec raison que Bill Ackman n’a pas bâti le CP, mais que l’ensemble des placements de type « tractations financières » de Pershing Square ont tout de même permis à ses 18 dirigeants de se partager 515 millions de dollars américains en 2015, soit en moyenne 28,6 millions chacun.

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Bill Ackman descend du train du CP

La saga Bill Ackman au Canadien Pacifique (CP) est terminée. Le milliardaire américain à la tête du fonds de couverture activiste Pershing Square a liquidé ce qui restait de ses actions dans le CP après un passage pour le moins remarqué au sein du chemin de fer canadien. Un « succès » qui laissera peut-être un goût amer aux administrateurs et dirigeants des sociétés canadiennes inscrites en bourse.

Selon différentes sources, les gains réalisés par son placement dans le CP atteindraient 2,6 milliards de dollars américains pour Pershing Square. Au total, c’est entre 6 000 et 7 000 emplois qui auront été supprimés au CP pour réaliser ce beau profit.

Malgré une année 2015 par ailleurs désastreuse pour le fonds Pershing Square, celui-ci, qui ne compte que 18 personnes à sa direction, leur a distribué en rémunération quelque 515 millions de dollars US, soit 28,6 millions de dollars par individu en moyenne. Pourquoi travailler si dur à bâtir des entreprises quand on peut vite s’enrichir par des tractations financières?

La saga

Rappelons qu’Ackman avait amorcé en 2011 une course aux procurations visant à remplacer le PDG et plusieurs membres du conseil d’administration. À l’époque, le conseil en place avait refusé de remplacer son PDG par Hunter Harrison ainsi que le proposait Ackman. Et pour cause! Harrison était le PDG sortant du concurrent direct, le CN, et une telle embauche aurait constitué une transgression des valeurs du CP et possiblement des valeurs même de la société canadienne.

De plus, au fil des années, les membres du conseil du CP, le management, et même les analystes et experts qui suivaient de près l’industrie ferroviaire, étaient tous convaincus que des différences structurelles (la géographie difficile du réseau du CP, notamment) expliquaient la performance inférieure du CP comparativement aux autres entreprises ferroviaires nord-américaines. À quoi bon changer le PDG quand les problèmes sont liés à des facteurs externes et incontrôlables?

Mais Ackman a gagné son pari. Peu avant l’assemblée annuelle de 2012, le PDG et le président du conseil du CP, entre autres, ont remis leur démission. Les investisseurs institutionnels s’étaient rangés derrière l’activiste américain, et l’issue du vote était prévisible. Les candidats administrateurs de Pershing Square ont pris le contrôle du conseil, et Harrison a été embauché.

En quelques mois à peine, le CP s’est transformé. Le ratio d’exploitation qui atteignait plus de 81% sous l’ancienne direction (dépenses d’exploitation en pourcentage des revenus, donc plus le ratio est faible, meilleure est la performance), s’est rapidement amélioré. Le CN, qui était considéré comme le plus efficace des chemins de fer nord-américains, affichait un ratio d’exploitation de 63% à cette même époque.

Quatre ans plus tard?

Pour l’année 2015, le CP a terminé avec un ratio d’exploitation de 61% contre 58,2% pour le CN. Une amélioration pour le moins spectaculaire! Ainsi, l’activiste Bill Ackman aura eu la main heureuse en forçant l’embauche de Hunter Harrison. Évidemment, il aura grandement profité de cette intervention.

Cet indéniable succès est devenu le cas d’école cité en exemple pour justifier, voire pour glorifier, le travail de ces activistes. Mais le cas du CP, s’il s’agit d’une réussite jusqu’à présent (mesurée par la performance financière, du moins), comportait des conditions uniques qui ne peuvent se répéter aisément. En effet, combien de PDG nouvellement retraités sont disponibles et prêts à traverser chez le concurrent direct (en contravention des ententes formelles avec son employeur) et à reprendre du service immédiatement? Phénomène plutôt rare s’il en est un!

Le CP reste la seule intervention d’Ackman qui réunissait ces conditions exceptionnelles. En fait, la feuille de route de Bill Ackman contient de nombreux et cinglants échecs. Après des interventions ratées chez les détaillants JC Penney, Target et Borders, Ackman a essuyé de lourdes pertes chez Valeant et Herbalife. D’ailleurs, l’actif géré par Pershing Square a perdu plus de 20% de sa valeur au cours de l’année 2015, et ce, malgré la performance réalisée avec le CP. Mais, au pays des merveilles des fonds de couverture, une telle performance n’a pas de conséquences négatives sur leur enrichissement!

Quel sera le legs du passage de Bill Ackman au CP dans le paysage de la gouvernance des entreprises canadiennes? Ce coup d’éclat aura assurément convaincu (ou aurait dû convaincre) tous les conseils de sociétés inscrites en bourse qu’aucune entreprise n’est à l’abri de l’assaut d’un activiste. Peu importe la taille de l’entreprise ou la composition du conseil, toute société est une cible potentielle. D’ailleurs, la règlementation canadienne est très favorable aux actionnaires activistes.

Pour éviter d’apparaître sur le radar de ces activistes, les conseils d’administration et la direction des grandes sociétés peuvent être tentés de tout mettre en oeuvre pour rencontrer les objectifs trimestriels, les « attentes » des analystes de façon à ce que la valeur de l’action croisse sans cesse ou, à tout le moins, ne chute pas. Bref, la menace de l’activisme actionnarial, que le passage d’Ackman au CP aura rendu bien réelle, pourrait bien avoir comme conséquence d’ajouter aux autres sources de pression exercées sur la direction pour l’inciter à prendre des décisions qui auront un effet positif à court terme.

Finalement, ce type d’opération, destructrice d’emplois mais créatrice d’immenses richesses pour les fonds de couverture et autres investisseurs accrédite la thèse d’un système inique qui doit être changé.

Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que les auteurs.

Les capsules en gouvernance

Découvrez la gouvernance comme un outil de création de valeur, une structure payante plutôt qu’un processus bureaucratique. L’Institut sur la gouvernance et ses partenaires proposent deux séries de capsules vidéo consacrées spécifiquement à la gouvernance des PME. Nos formateurs sont tous des gens d’expérience qui ont siégé sur plusieurs conseils. Ils mettent l’accent sur la réalité pratique et concrète des débats au conseil.

 

Questions pour les entrepreneurs

 

Questions sur le fonctionnement du conseil

 

Questions sur la composition du conseil

 

Questions sur la stratégie

 

Questions sur le président du conseil

 

Questions sur le lien entre le C.A. et la direction

 

Questions pour les administrateurs

 

Questions sur les aspects légaux 

 

Vous souhaitez avoir plus d’informations sur nos activités ? 

Gabriel Desrosiers
514.439.9301 poste 113
gdesrosiers@igopp.org

Performance et dynamique des conseils d’administration

Une longue expérience comme administrateur de sociétés mène souvent au constat que la qualité de la gouvernance et l’efficacité d’un conseil tiennent à des facteurs subtils, difficilement quantifiables mais tout aussi importants, voire plus importants,
que les aspects fiduciaires et formels.

Cette dimension informelle de la gouvernance prend forme et substance dans les échanges, les interactions sociales, l’encadrement des discussions, le style de leadership du président du conseil, dans tout ce qui se passe avant et après les réunions formelles ainsi qu’autour de la table au moment des réunions du conseil et de ses comités.

Cela est vrai pour tout type de sociétés, que ce soient une entreprise cotée en bourse, un organisme public, une société d’État, une coopérative ou un organisme sans but lucratif.

L’IGOPP estime que pour relever encore l’efficacité des conseils d’administration il est important de bien comprendre ce qui peut contribuer à une dynamique productive entre les membres d’un conseil.

Pourtant, alors que les études sur tous les aspects de la gouvernance foisonnent, cet aspect fait l’objet de peu de recherches empiriques, et ce pour une raison bien simple.

Les conseils d’administration ne peuvent donner à des chercheurs un accès direct à leurs réunions ni à leur documentation en raison des contraintes de confidentialité.

Le professeur Richard Leblanc, grâce au réseau de son directeur de thèse de doctorat et co-auteur James Gillies, a pu, rare exception, observer un certain nombre de conseils d’administration en action. Ils ont publié en 2005 un ouvrage Inside the Boardroom, lequel propose une intéressante typologie des comportements dominants des membres de conseil au cours de réunions.

Depuis aucune autre étude empirique n’a été menée sur le sujet. D’ailleurs, l’ouvrage de Leblanc et Gillies, se limitant aux comportements observables lors de réunions formelles, ne nous éclairait que sur une partie du phénomène.

Récemment, Richard Leblanc a édité un ouvrage de quelque 860 pages, le Handbook  of Corporate Governance, réunissant des textes de multiples auteurs (surtout américains), promettant d’y aborder tous les aspects de la gouvernance. Or, le sujet de la dynamique particulière des conseils d’administration n’y est traité que sur une page ou deux dans le contexte de l’évaluation du conseil.
Comme c’est souvent le cas lorsque les recherches empiriques ne peuvent éclairer un phénomène, le sujet a fait l’objet de textes relatant les expériences particulières d’un auteur et proposant des observations certes pertinentes mais partielles pour améliorer la dynamique interne d’un conseil.

L’IGOPP a voulu mieux comprendre cette dynamique et, si possible, proposer aux administrateurs et présidents de conseil des suggestions pouvant améliorer la qualité de la gouvernance.

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Isabelle Courville, présidente du conseil de la Banque Laurentienne, rejoint le conseil de l’IGOPP

Le président exécutif du conseil d’administration de l’IGOPP, le professeur Yvan Allaire, est heureux d’accueillir Mme Isabelle Courville  à titre d’administratrice de l’Institut sur la gouvernance (IGOPP).

Isabelle Courville, ingénieure et avocate de formation, est présidente du Conseil d’administration de la Banque Laurentienne. Fondée en 1846, la Banque gère un actif au bilan d’environ 39 milliards $ et emploie près de 4 000 personnes. Reconnue pour l’excellence de son service, la Banque Laurentienne sert plus d’un million et demi de clients à travers le Canada dans des segments de marché où elle se positionne avantageusement.

Précédemment, Mme Courville a été présidente d’Hydro-Québec Distribution. Cette division compte 7 000 employés qui desservent 4 millions d’usagers répartis sur l’ensemble du territoire du Québec. Elle a aussi été présidente d’Hydro-Québec TransÉnergie, la division responsable de l’exploitation du réseau de transport d’électricité de l’entreprise. Mme Courville a oeuvré 20 ans dans le domaine des télécommunications canadiennes notamment comme présidente du Groupe Grandes Entreprises de Bell Canada ainsi qu’à titre de présidente et chef de la direction du Groupe Bell Nordiq.

Elle siège au conseil d’administration du Canadien Pacifique et du Groupe TVA. Elle est également membre du conseil d’administration de la Fondation de l’Institut de Cardiologie de Montréal, de l’Institut des administrateurs de sociétés et de Veolia Environnement, une multinationale française spécialisée dans la gestion optimisée des ressources. Elle a été membre du Conseil consultatif des gens d’affaires de l’APEC (Asia‐Pacific Economic Cooperation) de 2010 à 2013.

 

La rémunération des dirigeants d’entreprise : une importante cause d’inégalités?

L’ampleur des inégalités de revenu découle des fortes augmentations de la rémunération versée aux dirigeants d’entreprise et du secteur financier.

Chaque année, le Forum économique mondial consulte quelque 500 experts de par le monde quant aux risques les plus graves et imminents qui menacent nos sociétés. En 2015 arrivaient aux premiers rangs et pour la première fois les inégalités de richesse et le chômage des jeunes !

Pourquoi cette anxiété à ce propos en ces temps-ci ?  N’est-il pas vrai que les disparités de revenu et de richesse sont inévitables dans une société méritocratique, que les retombées bénéfiques d’une économie de marché sont indissociables d’une certaine inégalité dans le partage de la richesse ? Bien sûr, mais là n’est pas la question.

La question porte sur le niveau des inégalités. Il semble qu’au-delà d’un certain seuil d’inégalités, la société civile développe du ressentiment, devient même hostile envers la fortune d’une minorité. Ce seuil tend à varier considérablement d’un pays à l’autre, d’une société à l’autre. La perception, l’impression que cette richesse n’a pas été honnêtement et franchement gagnée, qu’elle ne résulte pas d’une activité dont profite l’ensemble de la société exacerbent le malaise ou l’hostilité à l’encontre de la disparité des revenus et de la richesse.

L’économiste français Thomas Piketty dans son ouvrage Le capital au XXIe siècle traite des inégalités de revenu et de richesse dans les pays « anglo‑saxons » (soit les États‑Unis, le Royaume‑Uni, le Canada et l’Australie) par rapport aux pays européens. À cet égard, il blâme principalement les énormes augmentations de « salaires » versées aux dirigeants de sociétés cotées en Bourse.

Selon Piketty, ce phénomène découle du fait que les dirigeants fixent essentiellement leur propre « salaire » et qu’en raison de l’évolution des normes sociales et de l’acceptabilité de la richesse depuis l’ère Reagan et Thatcher, les dirigeants américains et britanniques peuvent se verser des rémunérations extraordinaires sans subir l’opprobre social.

Dans les faits, le salaire et les primes des dirigeants américains, en dollars indexés, n’ont pas augmenté substantiellement entre les années 1950 et les années 2000, selon une recherche de Carola Frydman et Dirk Jenter.

Ce qui a changé, ce sont les formes que prend cette rémunération. Constitué d’abord d’un salaire de base auquel s’ajoutait une modeste prime, la rémunération a grimpé en flèche après le milieu des années 1980 avec la généralisation des programmes d’options d’achat d’actions et autres formes de rémunération liées à la valeur du titre de la société en Bourse.

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