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Le «court-termisme» de gestion : sens et conséquences

Pour la deuxième année, l’Institut sur la gouvernance (IGOPP) est partenaire de la soirée de la grande gouvernance avec le journal Les Affaires, l’Institut des administrateurs de sociétés et le Collège des administrateurs de sociétés afin de mettre en valeur des conseils d’administration ayant posé un geste remarquable.

Durant cette soirée, le professeur Yvan Allaire, président exécutif du conseil d’administration de l’IGOPP a dévoilé les résultats d’ une étude sur l’enjeu du «court-termisme» de gestion  et de ses conséquences.

Conclusions de cette étude:

  • Encourager, bousculer, brasser les fonds institutionnels pour qu’ils se donnent des politiques qui tiennent compte des observations/recherches rapportées ici; CPPIB , CDPQ, Blackrock, Vanguard donnent l’exemple ??
  • Promouvoir (et accepter) les formes de propriété qui donnent une capacité de gérer pour le long terme (envoyant paître les ISS et autres chantres d’entreprises à la merci des marchés financiers “efficients”!):
    • Actions à vote multiple
    • Plafond du % de votes qui peuvent être exercées (comme en Suisse, au CN)
    • Un an de détention des actions avant d’acquérir le droit de vote
    • Vote multiplié et dividende majoré après une période de détention ( 2 ans par exemple comme en France)
  • Exiger que les C.A. adoptent des politiques de rémunération à la mesure de l’entreprise, de ses défis, mêlant mesures quantitatives et qualitatives bien arrimées au long terme;
  • Divulgation de résultats financiers semestriellement (adopté au Royaume-Uni);
  • Taxes sur les transactions financières.

Gouvernance et performance boursière ne sont pas liées

« Aucune donnée probante ne permet de conclure qu’il existe un lien entre la gouvernance des sociétés et leur performance boursière, soutient l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP) dans une récente étude.

Intitulé La « bonne » gouvernance et la performance des entreprises, ce document de huit pages a été rédigé conjointement par Yvan Allaire, président exécutif du conseil de l’IGOPP, et François Dauphin, directeur de la recherche à l’Institut.

« La préoccupation, voire l’obsession, de mettre en place une ” bonne ” gouvernance dans les sociétés cotées en Bourse devrait, semble-t-il, mener à de meilleures performances boursières pour celles qui se sont dotées des meilleures pratiques de gouvernance », indiquent-ils en préambule.

Or, les nombreuses études, surtout américaines, qui ont tenté d’établir une corrélation entre gouvernance et performance ont donné des résultats « plutôt décevants » et, d’une façon générale, « les scores de gouvernance ne montrent aucune association significative avec la performance boursière ».

Les auteurs de l’étude estiment d’ailleurs qu’« un tel exercice était voué à l’échec ». En effet, « la performance économique et boursière d’une société au cours des ans est tributaire de nombreux facteurs macro-économiques, conjoncturels, industriels et stratégiques », soulignent-ils, et elle est aussi « le résultat de décisions bonnes ou mauvaises prises parfois plusieurs années auparavant ».

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La «bonne» gouvernance et la performance des entreprises

La préoccupation, voire l’obsession, de mettre en place une « bonne » gouvernance dans les sociétés cotées en Bourse devrait, semble-t-il, mener à de meilleures performances boursières pour celles qui se sont dotées des meilleures pratiques de gouvernance. Le gigantesque effort consenti depuis au moins 2001 pour améliorer leur gouvernance a-t-il résulté en de meilleurs résultats boursiers pour les entreprises au sommet du palmarès de la gouvernance ?

Nombre d’études, surtout américaines, ont cherché à établir si un lien direct, ou tout au moins une corrélation, pouvaient être établis entre gouvernance et performance. Les résultats furent en général plutôt décevants[1].

Une courte minute de réflexion suffit pour conclure qu’un tel exercice était voué à l’échec. En effet, la performance économique et boursière d’une société au cours des années est tributaire de nombreux facteurs macro-économiques, conjoncturels, industriels et stratégiques ; cette performance est aussi le résultat de décisions bonnes ou mauvaises prises parfois plusieurs années auparavant. Malgré toutes les manipulations statistiques pour tenter de « contrôler » ces autres influences, l’analyse peut difficilement isoler l’effet ineffable et fugace de la « bonne » gouvernance sur les résultats, tant soit-il qu’un tel effet soit présent.

Pourtant, depuis 14 ans, le Report on Business (ROB) du Globe and Mail établit chaque année un score de gouvernance pour chacune des quelque 230 plus grandes entreprises cotées à la Bourse de Toronto, scores scrutés par les dirigeants d’entreprises et les gendarmes de la gouvernance.

Ce score global, avec 100 comme maximum, se répartit selon quatre aspects de la gouvernance:

1. Composition du conseil (32 points sur 100)

2. Actionnariat et rémunération (29/100)

3. Droit des actionnaires (28/100)

4. Divulgation (11/100)

Chacune de ces dimensions de la gouvernance est opérationnalisée par une série de variables (37 au total en 2015) associées à des pointages spécifiques. À quelques exceptions près, ces variables touchent à tous les «desiderata» d’une gouvernance fiduciaire impeccable. Au cours des années, cette démarche du ROB s’est montrée adaptive au fur et à mesure que les exigences de la « bonne » gouvernance s’allongèrent et se multiplièrent.

Sur un aspect toutefois, la démarche du ROB est restée inflexible ; toute entreprise comportant des actions à vote multiple voit son score tout de go amputé de 10 points (quelques points peuvent être récupérés si le multiple des droits de vote est faible). Or, même la Coalition canadienne pour la bonne gouvernance, naguère farouchement opposée à toute structure comportant des actions à droit de vote multiple, a depuis changé de politique, constatant que, si bien encadré, ce type d’actions pouvait jouer un rôle utile et créateur de valeur.

Quoi qu’il en soit, il nous a semblé opportun d’examiner derechef comment ces scores de gouvernance établis par le ROB étaient associés à la performance des sociétés soumises à cet examen annuel.

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[1] L’étude la plus souvent citée pour appuyer la thèse d’un effet positif de la gouvernance sur la valeur boursière est celle de Gompers, Ishii, and Metrick 2003. Cette étude prétend qu’un rendement boursier « anormal » de 8,3% serait associé aux entreprises démontrant une « bonne » gouvernance. Or, l’étude ne mesure pas la qualité de la gouvernance comme on l’entend communément mais classe plutôt les entreprises selon que des mesures de prévention des prises de contrôle hostiles sont en place. Ce que Gompers et al. démontrent (mais de façon très discutable), c’est que les marchés boursiers donnent une valeur plus élevée lorsqu’une société n’est pas à l’abri de prises de contrôle non souhaitées.

Il n’y aurait pas de corrélation entre gouvernance et performance boursière

« Il n’y a pas de corrélation mesurable entre une bonne gouvernance fiduciaire et une performance boursière supérieure. Mais l’association tient lorsqu’il y a présence d’actions à vote multiple.

« Les scores de gouvernance ne montrent aucune association significative avec la performance boursière », conclut Yvan Allaire. Le président exécutif du conseil de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques publie une petite étude de huit pages cosignée avec François Dauphin, directeur de la recherche de l’IGOPP, dans laquelle ils revisitent ces exercices visant à établir une corrélation entre gouvernance et performance boursière.

« La performance économique et boursière d’une entreprise est la résultante de tant de facteurs, conjoncturels, stratégiques, concurrentiels, de tant d’impondérables, de décisions prises dans un passé plus ou moins lointain qu’il serait surprenant que l’on puisse établir une relation statistique entre la qualité de la gouvernance fiduciaire et la performance boursière », conclut l’étude.

Les auteurs ont poussé leur réflexion en s’attardant sur l’incidence de la présence d’actions à droit de vote multiple. « Quelle que soit la période (un an, trois ans, cinq ans), que l’on compare des moyennes ou des médianes, les sociétés comportant des classes d’action avec votes inégaux montrent des performances boursières largement supérieures aux performances des entreprises conventionnelles », concluent-ils, tout en précisant que l’observation n’atteint cependant pas le seuil habituel de signification statistique.  »

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Zoom sur la rémunération des administrateurs

Le 10 mars prochain à Montréal, la division Québec de l’Association du Barreau Canadien (ABC Québec) offre une formation intitulée : « La rémunération des administrateurs et l’exercice de leur devoir fiduciaire: une discussion sur les enjeux de gouvernance des sociétés publiques et privées ».

Elle sera présidée par Me Jody Lackman du Fonds de Solidarité FTQ et animée par Yvan Allaire, président exécutif du conseil d’administration de l’IGOPP, Marie Giguère, première vice-présidente Affaires juridiques et secrétariat, à la Caisse de dépôt et placement du Québec et Me Stéphane Rousseau, vice-doyen aux études supérieures et à la recherche, professeur titulaire et titulaire de la Chaire en gouvernance et droit des affaires à la Faculté de droit de l’Université de Montréal.

Selon Me Rousseau, ce séminaire s’inscrit dans un contexte où l’on assiste à une croissance de l’activisme des investisseurs institutionnels qui demandent des comptes aux Conseils d’administration et cherchent à avoir une influence plus grande sur la composition des C.A en proposant des représentants à des sociétés cotées. Des représentants qui seraient en outre rémunérés par les investisseurs selon la progression du cours des actions de la société. « Plus elle est profitable, plus la rémunération devient attrayante », dit-il.

La question de la relation entre la rémunération des administrateurs, leur indépendance ainsi que l’exercice de leur devoir fiduciaire est au cœur de l’actualité depuis quelques années, notamment suite aux débats survenus en 2013 dans le cadre de la campagne d’activisme entreprise par Jana Partners LLC pour élire quatre administrateurs sur le conseil d’Agrium Inc.

Plusieurs enjeux et questions

Les conférenciers aborderont des notions qui font débat : l’importance de l’indépendance du conseil vis-à-vis la direction, l’impact que la rémunération a sur cette indépendance et l’exercice du devoir fiduciaire, les formes de rémunération acceptables afin de promouvoir la compétence et l’intégrité.

Cette pratique pose plusieurs enjeux et questions, selon Me Rousseau. D’abord, celui de la légalité : est-ce que ce type d’arrangement est légal? Y-a-t-il conflit d’intérêt ? « Ensuite, il y a des enjeux de gouvernance: quelle genre de dynamique peut-on voir dans le CA? Crée-t-on un CA à deux vitesses où certains ont une vision orientée vers la rémunération, alors que d’autres ont une vision à long terme de la société? »

Enfin, se pose la question de l’intervention des régulateurs : doivent-ils intervenir? L’AMF doit-elle envisager de faire quelque chose pour contrer cette pratique en émergence?

Cette formation est reconnue par le Barreau du Québec et aura lieu dans les locaux du cabinet Dentons. Elle s’adresse aux avocats et conseillers d’entreprise qui agissent auprès de sociétés cotées en bourse et intéressés par les enjeux de gouvernance, ainsi qu’aux régulateurs interpellés par cette pratique.

Pour plus d’informations, cliquez ici.

Laval affirme son leadership économique

«En regroupant ses forces, Ville de Laval a choisi de créer une plus grande proximité avec le milieu des affaires et affirmer son leadership économique», fait valoir Marc Tremblay, directeur général adjoint de cette nouvelle division, créée en 2015 dans la foulée de la suppression du CLD et de la société paramunicipale vouée au développement économique.

L’internalisation de ces services vise à simplifier et accélérer le traitement des dossiers d’investissement dans la ville-région.

Maire suppléant et élu responsable des dossiers économiques, David De Cotis y voit un gain en efficacité avec la fin des dédoublements et le décloisonnement d’un secteur d’activité qui gagne à travailler en réseau avec les services municipaux d’urbanisme, d’ingénierie et de l’environnement, notamment.

IGOPP

Fondée il y a 20 ans, Laval Technopole était de ces organisations que l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP) ne jugeait «plus pertinentes, ni vraiment utiles à l’exercice d’une responsabilité publique dont peut s’acquitter la Ville autrement».

Voilà, entre autres, ce qu’on pouvait lire dans un rapport de 2014 portant sur la gouvernance, l’imputabilité et la reddition de comptes d’une quinzaine de sociétés paramunicipales et organismes lavallois.

En contrepartie, le directeur général de l’IGOPP, Michel Nadeau, avait suggéré la création d’une direction municipale du développement économique, afin d’y intégrer les activités de promotion, de prospection et de gestion des cinq grands pôles d’excellence, ce qui fut suivi à la lettre. »

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Conférence du président exécutif du conseil à l’Association du Barreau Canadien

Le professeur Yvan Allaire, président exécutif du conseil de l’IGOPP, prendra part à un déjeuner-causerie organisé par l’Association du Barreau canadien portant sur la rémunération des administrateurs.

Conférenciers:

  • Yvan Allaire, Ph. D. (MIT), FRSC
    Président exécutif du conseil d’administration, IGOPP
  • Marie Giguère
    Première vice-présidente Affaires juridiques et secrétariat,
    Caisse  de dépôt et placement du Québec
  • Stéphane Rousseau, S.J.D., LL.M.
    Vice-doyen aux études supérieures et à la recherche,
    professeur titulaire et titulaire de la Chaire en gouvernance et
    droit des affaires à la Faculté de droit de l’Université de Montréal

Modérateur:

Jean-Philippe Décarie, chroniqueur économique, La Presse

Sujet:

La question de la relation entre la rémunération des administrateurs, leur indépendance ainsi que l’exercice de leur devoir fiduciaire est au cœur de l’actualité depuis quelques années, notamment suite aux débats survenus en 2013 dans le cadre de la campagne d’activisme entreprise par Jana Partners LLC  pour élire quatre administrateurs sur le conseil d’Agrium Inc. Différents thèmes seront abordés par nos panélistes, tels que : l’importance de l’indépendance du conseil vis-à-vis la direction, l’impact que la rémunération a sur cette indépendance et l’exercice du devoir fiduciaire, les formes de rémunération acceptables afin de promouvoir la compétence et l’intégrité, etc. Il est donc à prévoir que les discussions seront animées.

Lieu:

Dentons Canada LLP
1, Place Ville Marie, bureau 3900
Montréal Qc H3B 4M7

Information:

L’IGOPP partenaire de la Grande soirée de la gouvernance

Pour la deuxième année, l’IGOPP prend part à titre de partenaire à la Grande soirée de la gouvernance organisée par le journal Les Affaires en collaboration avec l’IAS et  le Collège des administrateurs afin de mettre en valeur des conseils d’administration ayant posé un geste remarquable.

Au cours de cette soirée qui aura lieu le 29 mars 2016 à compter de 17h30 au Centre Sheration Montréal, le président exécutif du conseil de l’IGOPP, le professeur Yvan Allaire  présentera les résultats d’une étude intitulée « Court-termisme » de gestion: quand, comment et à qui la faute ? 

Les actions de trois conseils d’administration seront également récompensées lors de cette soirée.

MEMBRES DU JURY

Présidente du jury
Isabelle Courville
Présidente du conseil
BANQUE LAURENTIENNE

Yvan Allaire, Ph. D. (MIT), MSRC
Président exécutif du conseil,
INSTITUT SUR LA GOUVERNANCE (IGOPP)
Professeur émérite (UQAM)

André Courville, FCPA,FCA,ICD.D
Administrateur de sociétés
Président et chef de la direction
INSTITUT DES ADMINISTRATEURS DE SOCIÉTÉS,
SECTION DU QUÉBEC

Bruno Déry, MBA
Président et chef de la direction,
COLLÈGE DES ADMINISTRATEURS DE SOCIÉTÉS –
UNIVERSITÉ LAVAL

Richard Drouin, C.C., O.Q., c.r.
Avocat-conseil, MCCARTHY TÉTRAULT
Administrateur de sociétés

Jean-René Halde, M.A., MBA, ICD.D
Administrateur de sociétés

Guylaine Saucier, FCPA, FCA, C.M., IAS.A
Administratrice de sociétés
INSTITUT SUR LA GOUVERNANCE (IGOPP)

Sièges sociaux – Le Québec et le Canada à risque ?

« Dans la foulée de la vente de Rona au géant américain de la rénovation Lowe’s pour 3,2 milliards de dollars, le constat a été soudain et brutal, la question étant inévitablement posée : les sièges sociaux canadiens et québécois sont-ils vulnérables ? La réponse, elle, comporte de multiples couleurs…

«Je peux vous assurer que notre siège social canadien sera à Boucherville et que je déménagerai personnellement au Québec afin d’y travailler», a répondu comme pour parer les coups éventuels le numéro un de Lowe’s au Canada cité par le journal Les Affaires, Sylvain Prud’homme, qui s’est toutefois bien garder de confirmer la fermeture de ses bureaux de Toronto ou de chiffrer le nombre d’emplois qui seront éventuellement créés ou supprimés une fois sa direction canadienne officiellement transférée.

Si ces garanties sont les bienvenues, elles ne «garantissent» justement rien, pas plus qu’elles ne forcent les nouveaux propriétaires à y donner suite. Dans les faits, de nombreuses promesses semblables ont souvent pavé la voie à la création de coquilles vides qu’on garde symboliquement en place pour respecter ce douteux engagement pris pour rassurer au moment de l’acquisition, les «vraies» décisions d’impact se prenant désormais ailleurs. Et l’impact de telles pertes est majeur sur l’économie nationale.

«Quand on perd un siège social, on perd non seulement les employés qui y travaillent, mais aussi tous les fournisseurs et les professionnels (avocats, comptables, actuaires) qui gravitent autour», expliquait dans les pages du Journal de Montréal Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance (IGOPP) et ancien haut-dirigeant de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Une expertise chèrement et longuement gagnée qui peut prendre une génération complète à se renouveler.

À cet égard, Statistique Canada nous apprend que le nombre de sièges sociaux au Canada a diminué de 0,6 % en 2014 pour se chiffrer à 2756, employant dans leur foulée 227 684 personnes. Des sièges qui seraient selon certains politiciens et ex-hommes d’affaires de plus en plus menacés. « Nous en avons trop perdu, des sièges sociaux. Tout le monde le dit, tous les commentateurs le disent », a affirmé sur les ondes de Radio-Canada le chef de l’opposition officielle à Québec, Pierre Karl Péladeau, ex-dirigeant de Québecor. « Est-ce que le Québec devient une économie de succursales ? Le gouvernement Couillard a-t-il un plan pour nos sièges sociaux ? », s’est interrogé sur le même réseau François Legault, chef de la seconde opposition et ancien président fondateur d’Air Transat. »

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Retour sur Rona : encore !

« Le professeur Yvan Allaire est revenu récemment sur l’affaire Rona: « Rona: faut-il protéger nos entreprises contre les prises de contrôle étrangères? » (Les affaires.com, 4 février 2016). Le professeur Allaire se pose 2 questions : faut-il protéger les entreprises et comment les protéger ?

Pour compléter la réflexion, je vous invite à lire ce rapport publié il y a un an et demi : Groupe de travail sur la protection des entreprises québécoises, « Le maintien et le développement des sièges sociaux au Québec », février 2014. Des solutions ont été proposées qui mériteraient peut-être d’être actualisées.

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L’erreur stratégique de Rona

L’acquisition de Rona par le géant américain Lowe’s suscite, avec raison, bien des inquiétudes et des interrogations. Comment Rona en est-il arrivé à ce que sa mise en vente soit présentée par sa direction comme la seule option logique pour ce réseau ?

La direction évoque les faibles perspectives de croissance et même une possible décroissance dans un avenir rapproché, surtout si Lowe’s devenait un concurrent direct au Québec. Or, est-il plausible de conclure que Rona était condamné à se vendre tôt ou tard en raison d’erreurs stratégiques commises il y a quelques années ?

À l’origine et pendant une longue période, Rona fut abord et avant tout un distributeur, un groupe d’achats desservant l’ensemble de ses franchisés. La majorité des franchisés tenaient leurs établissements dans des villes n’ayant pas une population assez élevée pour justifier la présence de concurrents directs, bénéficiant ainsi d’un statut de monopole local. Cet avantage de localisation a longtemps assuré à Rona un volume de ventes important et relativement à l’abri de toute nouvelle forme de concurrence américaine ou locale. L’expertise en commerce au détail, malgré tout le soutien offert par Rona, demeurait essentiellement l’affaire des franchisés qui avaient un contact direct avec leur clientèle.

En 2003, après son premier appel public à l’épargne, Rona s’est porté acquéreur de Réno-Dépôt, un réseau d’établissements de grande superficie. Puis il a multiplié les acquisitions hors Québec dans le but d’atteindre une masse critique d’achats. Ces acquisitions ont amené Rona à devoir exploiter des magasins en mode corporatif, ce qui exigeait des habiletés nouvelles et mal maîtrisées au siège de Rona. Ainsi, en quelques années, Rona rassembla sous un même toit un ensemble de magasins, certains en franchise, d’autres sur le mode « corporatif », ainsi que de réseaux disparates, répartis dans plusieurs régions du Canada. Cette complexité et cette diversité s’avérèrent difficiles à gérer profitablement et les ventes des magasins Rona montrèrent des signes d’essoufflement. En fait, c’est à la suite de plus d’une dizaine de trimestres consécutifs de baisse des ventes par établissement que Lowe’s a manifesté une première velléité d’acquisition en 2012.

Vision ou erreur
Pendant que Rona s’évertuait à développer un concept visionnaire du commerce de détail pour rivaliser avec des géants comme Home Depot ou Lowe’s, des entreprises comme la société BMR, Patrick Morin et d’autres réseaux ont, étrangement et avec succès, adopté des modèles de commerce de quincaillerie similaires à ceux qui avaient fait le succès de Rona par le passé. Ces réseaux de quincailleries ont donc occupé l’espace laissé libre par le groupe de Boucherville, celui-ci ayant désormais abandonné le concept d’origine de l’entreprise.

Bien sûr, Rona a tenté quelques projets au fil des ans. Réno-Dépôt a été « réinventé » en centre de liquidation des stocks avant de revenir à un modèle plus traditionnel ; on a ouvert des Studio Rona, qui devaient livrer concurrence aux spécialistes en peinture, mais l’expérience s’est rapidement soldée par un échec.

Après les événements de 2012, la pression s’est grandement accentuée sur le conseil et la direction. La stratégie visionnaire, parce qu’elle était soit mal conçue soit mal exécutée, ressemblait de plus en plus à une lubie.

Le p.-d.g. a été remercié et un nouveau p.-d.g. a été embauché au terme d’un long processus de recrutement. Celui-ci, d’entrée de jeu, a annoncé qu’il ne s’engageait que pour quelques années tout au plus. La rémunération incitative qu’on lui a accordée à son arrivée était arrimée à la performance financière et boursière de Rona au cours des trois années subséquentes (plusieurs éléments de sa rémunération devenaient « encaissables » en début d’année 2016).

 Quel était donc le mandat de la nouvelle direction ?
Au départ, la direction a cru pouvoir mener — du moins, c’est ce qu’elle a annoncé — un renouveau stratégique, un repositionnement des bannières et de la marque. Or, dans les faits, la direction en poste depuis 2013 a essentiellement mis en oeuvre un vigoureux plan de redressement financier.

Ainsi, la direction de Rona, au cours des deux ou trois dernières années, a fermé quelque 300 établissements, racheté 20 franchisés en juillet 2015 (ceux qui exploitaient des magasins-entrepôts), réduit le personnel de quelque 5000 personnes, réduit les dépenses en capital de 60 % et utilisé la trésorerie de Rona pour racheter 12 % de ses actions (19 % si le programme de rachat annoncé en fin de 2015 avait été réalisé ; c’est un peu plus de 200 millions de dollars qui ont été utilisés à cette fin au cours des trois dernières années).

Les marchés financiers ont bien réagi à ces mesures financières durant les premières années, mais ce genre de traitement ne peut être répété indéfiniment. L’action de Rona, après être passée de 12 $ à près de 17 $, est redescendue au niveau de 2012, ces mesures financières ne donnant aucune assurance de croissance des revenus et des bénéfices à long terme. Toutefois, ces démarches ont contribué à faire de Rona une cible encore plus attrayante pour un éventuel acquéreur dans le secteur du commerce de détail.

Rappelons que le prix offert de 14,50 $ par action ordinaire en 2012 donnait une valeur de 1,76 milliard à l’entreprise (et 1,72 milliard en dollars américains d’alors). Le prix de 24 $ offert en 2016 donne une valeur de 2,57 milliards puisque le nombre d’actions a grandement diminué (et 1,83 milliard en dollars américains ; cette valeur est établie pour les seules actions ordinaires, sans tenir compte de la valeur des actions privilégiées et autres frais afférents à la transaction). Clairement, Lowe’s ne voulait pas payer plus pour Rona (en dollars américains) que ce qui avait été offert en 2012 !

La véritable raison de la vente de Rona tient donc au fait que l’entreprise a fait naguère des choix stratégiques inopportuns, n’a pu se réinventer, s’adapter ou innover. Une erreur stratégique pèse lourd et longtemps. En définitive, Rona a opté pour des mesures financières à court terme qui ont dopé le titre pour un temps, le temps de négocier une offre d’achat pour une entreprise nettoyée de tout ce qui aurait pu déplaire à un acheteur américain.

Le Québec doit-il protéger ses entreprises stratégiques?

« On a annoncé, cette semaine, l’achat de l’entreprise québécoise Rona par l’américaine Lowe’s. Le Québec perd donc un autre siège social, et la faiblesse du dollar laisse présager d’autres transactions de ce genre. Peut-on et doit-on protéger les fleurons de l’économie québécoise? Michel Lacombe fait le point sur la question avec ses invités.

Invités :

Jean-Philippe Décarie, chroniqueur à La Presse, section « Affaires »
Yvan Allaire, président à la direction du conseil d’administration de l’Institut sur la gouvernance (IGOPP), professeur émérite de stratégie de l’Université du Québec à Montréal, auteur du livre Plaidoyer pour un nouveau capitalisme (version française de Blackmarkets and Business Blues) publié par l’IGOPP
Claude Séguin, vice-président principal au développement de l’entreprise et aux investissements stratégiques pour CGI, président du Groupe de travail sur la protection des entreprises québécoises
Richard Darveau, président et chef de direction de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction et président du Conseil canadien des détaillants de matériaux de construction
André Blain, vice-président de Rona quincaillerie Beaubien, marchand affilié à Rona

AUDIO FIL

Confiance envers la transaction Rona-Lowes?

Cette transaction soulève plusieurs questions qui interpellent la confiance :

  • Avez-vous confiance en la décision du Conseil d’administration (CA) de Rona?
  • Avez-vous confiance dans les engagements de Lowes?
  • Avez-vous confiance dans l’avenir des parties prenantes de Rona?
  • Avez-vous confiance dans l’avenir de nos entreprises québécoises?

Le conseil d’administration de Rona

Nous pouvons être passablement rassurés sur la décision prise par le CA de Rona. Autant de personnes compétentes, expérimentées et possédant des expériences diversifiées sont nécessaires lorsqu’une décision aussi importante doit être prise : Madame Suzanne Blanchet, qui a le sang vert de Cascades, Jean-René Halde PDG de la BDC qui est sensible aux enjeux des entreprises québécoises, Robert Sawyer lequel a reçu de nombreux prix et reconnaissances au cours de sa carrière, Robert Chevrier dont la réputation est excellente, etc.

[…]

L’avenir de nos entreprises québécoises

Le premier ministre se veut rassurant en disant que plusieurs de nos organisations font des acquisitions à l’étranger et qu’il y a un équilibre. Il s’agit du libre marché.

Mais une sommité en gouvernance, Monsieur Yvan Allaire, dénonce depuis des années le fait que le Québec est l’un des endroits où il est le plus facile de faire des acquisitions. La plupart des états du pays de l’Oncle Sam ont adopté des législations beaucoup plus protectrices. Or à une époque où le dollar canadien est pratiquement à un creux historique, le danger est imminent et devient encore plus important.

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Lowe’s – Rona: des millions de dollars pour la Caisse de dépôt et la direction de Rona

Dans mon texte de mercredi, j’ai tenté d’expliquer que le Québec, sur le plan économique, ne peut pas se déclarer gagnant quand il perd un siège social, surtout d’une entreprise aussi enracinée dans la communauté.

Le maintien d’un siège social au Canada, qui devra nécessairement se rapporter au vrai siège social de Lowe’s, en Caroline du Nord, n’est pas une garantie de taille. Avec le temps, les engagements ont tendance à s’évanouir. Et vus du siège social, aux États-Unis, les défis financiers que l’entreprise pourrait rencontrer au Québec et au Canada ne seront jamais abordés de la même façon que s’ils sont traités à Boucherville.

[ … ]

Quelles autres cibles possibles?

Par ailleurs, pour ajouter à l’enjeu de la protection des sièges sociaux, le président de l’Institut sur la gouvernance, Yvan Allaire, rappelle dans un dossier préparé pour Les Affaires que plusieurs entreprises du Québec sont vulnérables à des acquisitions par des intérêts extérieurs. En fait, sur les 50 plus grandes entreprises du Québec en bourse, 25 n’ont aucune protection. Il s’agit de : Rona bien sûr, mais aussi SNC-Lavalin, CAE, Metro, Domtar, Héroux-Devtek, Genivar, Cominar, TransForce, Résolu, Valener, Innergex, Intertape Polymer, Orbite Aluminae, Dollarama, Gildan, Aimia (ex Aéroplan), Semafo, Canam, MTY, Uni-Sélect et Quincaillerie Richelieu.

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La vente de Rona et la politique économique du Québec: les enjeux

Faut-il protéger nos entreprises contre les prises de contrôle étrangères, que cellesci soient hostiles ou non?

Nul doute que les sociétés, les pays, les nations gagnent économiquement et socialement lorsque leur structure industrielle comporte une forte proportion d’entreprises domestiques dont la propriété est à l’abri des prises de contrôle non souhaitées. Comment peut-on en notre temps pratiquer un capitalisme de propriétaires qui fait en sorte que les décisions économiques soient prises par des gens appartenant à la collectivité nationale.

Encore faut-il bien choisir les secteurs pour lesquels le combat mérite d’être mené. Le commerce de détail, de plus en plus nord-américain, est maintenant dépouillé de toutes les entraves de temps et d’espace qui naguère définissaient le contour des marchés. La proximité physique, les heures d’ouverture sont remplacées par un accès permanent de tout lieu.

Survenant en pleine campagne électorale, la velléité d’acquisition de Rona par l’Américaine Lowes en 2012 avait provoqué des prises de position plus ou moins judicieuses de la part des partis politiques québécois. L’affaire Rona s’était estompée depuis, l’acquéreur s’étant retiré de la scène, mais vient d’être ravivée par l’annonce de l’acquisition de Rona par la société Lowes.

L’enjeu porte essentiellement sur l’importance des sièges sociaux pour l’économie d’une société. Mais il faut distinguer entre deux situations : 1. Une tentative hostile de prise de contrôle ou 2. Une acquisition d’entreprise avec l’assentiment enthousiaste de son conseil d’administration et de sa direction. Lire la suite

« Quebec nationalists enraged by $3.2B sale of Rona ‘jewel’ to U.S.-based Lowe’s »

« MONTREAL — News coverage of Rona Inc. in recent years has described the Quebec-based hardware chain as “embattled,” “under-performing,” “struggling” and “slumping.”

[…]

Yvan Allaire, president of the Montreal-based Institute for Governance, considers himself a nationalist when it comes to protecting key industries. For example he opposed Rio Tinto’s 2007 takeover of Alcan, which saw the head office leave Montreal along with decision-making over which smelters would remain in operation.

“Alcan was the kind of company you could really get upset about, a huge company with a huge headquarters,” Allaire said. “Here we’re talking about a retail establishment being replaced by another retail establishment, but the name will be kept and so on.” »

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