22 septembre 2009

Les marchés « libres »…de quoi et pour qui ?

Yvan Allaire et Mihaela Firsirotu | Forces

(Adapté de leur ouvrage Black Markets and Business Blues, publié en juin 2009)

Le marché est une remarquable invention, un peu comme l’énergie nucléaire. Bien encadré et règlementé, le marché est source d’efficience, de satisfaction des besoins et d’enrichissement de la société.

Nous avons vu de près (et pour l’un de nous, vécu) la misère, le rationnement cruel et le gaspillage de ressources qui furent le lot des économies planifiées des États socialistes et communistes avant 1990. Nous en conservons un respect indéfectible pour les marchés, l’entreprise privée et leurs bienfaits.

Toutefois, les vertus bien réelles d’une économie de marché ne doivent pas nous en faire oublier les limites et les risques. On ne peut soumettre toutes les facettes d’une société à « la discipline des marchés ». Certaines institutions doivent être protégées des lois du marché pour jouer pleinement leur rôle de gardiennes de la société et de ses valeurs.

Selon les courants idéologiques dominants, les États et les époques ont tiré une ligne de démarcation très variable entre ce qui est proprement du ressort des marchés privés et ce qui relève du secteur public.

Ainsi, toutes les sociétés ont choisi (mais par pour longtemps) d’exclure l’échange d’organes humains des lois du marché (sauf, comme de coutume, pour le marché noir). Par contre, dans certains pays, avec les États-Unis et le Royaume-Uni comme chefs de file, les lois du marché jouent un rôle important pour des biens et services que l’on conçoit ailleurs comme relevant strictement du domaine public :

  • assurance-maladie
  • gestion des prisons
  • services militaires d’appoint
  • eau potable
  • droits de pollution

[…]

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