Des coupes dans la rénovation d’écoles malgré des surplus accumulés
Zacharie Goudreault | Le DevoirLes centres de services scolaires (CSS) du Québec font face à d’importantes baisses des budgets qu’ils sont autorisés à utiliser pour rénover leurs écoles. Or, ils ne peuvent limiter les répercussions de ces restrictions en puisant dans les sommes affectées au maintien de leurs actifs immobiliers qu’ils ont mises de côté ces dernières années, a appris Le Devoir.
Une vingtaine de CSS de la province ont accumulé dans les dernières années quelque 750 millions de dollars, qu’ils ont mis de côté notamment pour des rénovations majeures planifiées sur plusieurs années ou pour se donner une marge de manœuvre pour des urgences pouvant survenir dans leurs établissements vieillissants.
Il ne leur est toutefois plus possible, depuis le début de l’année scolaire en cours, de compter sur ce surplus pour pallier le manque de financement accordé par Québec, a appris Le Devoir. Le gouvernement a en effet réduit de 409,2 millions de dollars le budget alloué au maintien des actifs immobiliers dans les écoles, l’automne dernier.
« Par les années passées, il était possible de dépenser au-delà de 100 % du budget d’une année par le recours aux sommes non investies et non engagées des années précédentes. Ce n’est plus le cas cette année », confirme au Devoir la Fédération des CSS du Québec par le biais de sa responsable aux communications, Catherine Roy.
« Cette impossibilité amène certains CSS à reporter des projets en maintien d’actifs ou en construction d’écoles », ajoute-t-elle. Les surplus non utilisés des dernières années demeurent toutefois dans les coffres des CSS et ne sont pas renvoyés à Québec, assure-t-elle.
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L’urgence de demain
C’est ainsi que l’architecte Thomas Gauvin-Brodeur, associé à la firme Leclerc architectes, fait état d’un « ralentissement », ces derniers mois, des appels d’offres liés à des projets de maintien des actifs immobiliers en milieu scolaire, comme la rénovation de toitures et de systèmes de ventilation. Une situation qui le préoccupe.
« Connaissant le parc immobilier du réseau scolaire, c’est important de continuer sur la très bonne lancée des dernières années afin de résorber le déficit de maintien d’actifs et d’avoir un parc immobilier qui est sain », souligne-t-il.
La présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire, Kathleen Legault, déplore pour sa part la « rigidité » des nouvelles règles budgétaires de Québec. « On a besoin de beaucoup plus de souplesse pour pouvoir utiliser de la façon la plus efficiente possible les fonds publics », soutient-elle, tout en rappelant que « quand on fait toutes les petites réparations au fur et à mesure, ça finit par coûter moins cher ».
« Si on coupe dans le maintien aujourd’hui, on crée l’urgence de demain », résume la vice-présidente directrice à l’Institut sur la gouvernance, Alexandra Langelier, qui appréhende que les écoles se « dégradent plus rapidement » dans les prochaines années en raison de ce sous-investissement.
« Le report d’investissements aura pour effet d’accélérer le dépérissement des infrastructures et d’exiger, pour y remédier, des ressources financières toujours plus grandes, et ce, au détriment de l’équilibre budgétaire de l’État québécois », écrivait d’ailleurs en décembre dernier la Fédération des CSS du Québec, dans un mémoire déposé dans le cadre des consultations prébudgétaires. « Ainsi, seule une vision à long terme du financement et de la restauration du parc immobilier scolaire permettra d’améliorer les infrastructures », ajoute le document.
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