27 mai 2025

Rébellion de petits actionnaires au sein d’un gros placement de la CDPQ

Plus de 3 milliards de dollars

Julien Arsenault | La Presse

L’un des principaux placements privés de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) – plus de 3 milliards – est aux portes d’une bataille judiciaire qui pourrait s’accompagner d’une facture salée à cause d’une rébellion de petits actionnaires, qui allègue que le bas de laine des Québécois et d’autres zinzins se sont enrichis sur leur dos.

Ce nom ne vous dit probablement rien, mais cette entreprise domiciliée en Nouvelle-Zélande est derrière une plateforme numérique de gestion de patrimoine utilisée par 650 institutions financières et assureurs, comme Aviva et Barclays, qui gèrent ensemble plus de 1700 milliards US. Valorisée à 20 milliards en 2022, elle compte plus de 6000 employés.

La CDPQ est l’actionnaire de référence, aux côtés d’autres grandes firmes comme l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada, Motive Partners (États-Unis) et Temasek Holdings (Singapour). L’institution québécoise compte deux représentants au sein des onze membres du conseil d’administration de la multinationale.

FNZ compte aussi près de 2000 employés et premiers fondateurs, qui, depuis 2003, ont accumulé de petits blocs d’actions du fournisseur de services plutôt que d’obtenir des primes en argent, comme c’est souvent le cas avec une entreprise en démarrage dans le secteur technologique.

C’est de ce côté que la rébellion émane. Depuis avril dernier, un groupe d’environ 200 mécontents – des employés et ex-salariés – est passé à l’offensive. Les plaignants allèguent une importante perte de valeur en raison d’une dilution, résultat du mécanisme utilisé par FNZ pour récolter quelque 1,5 milliard US l’an dernier pour poursuivre sa croissance et refinancer sa dette.

« Le conseil d’administration semble avoir enrichi ses propres intérêts au détriment des actionnaires minoritaires non représentés [au C.A.] », écrivent leurs avocats, dans une lettre envoyée à l’entreprise en mars dernier que La Presse a pu consulter.

[…]

Gros morceau

Dans le créneau des placements privés, FNZ est l’un des huit investissements détenus par la CDPQ en date du 31 décembre dernier pour lequel la valeur était supérieure à 3 milliards. Ces cas sont très rares dans le portefeuille de la Caisse.

À ce stade-ci du processus, difficile de dire qui aura gain de cause, estime le directeur de l’Institut sur la gouvernance d’organisations publiques et privées (IGOPP), François Dauphin.

N’empêche, on assiste rarement à des affrontements du genre dans des entreprises qui valent plusieurs milliards de dollars.

« C’est la particularité du dossier, affirme l’expert. C’est un litige d’actionnaires de très grande envergure. Habituellement, cela se produit dans des entreprises privées plus petites. »

Lundi, le gestionnaire québécois n’a pas voulu commenter l’offensive des dissidents visant son partenaire d’affaires. La réaction a été identique chez FNZ.

Lire la suite