11 juin 2025

Hydro-Québec: Une organisation tiraillée depuis 10 ans

Hélène Baril | La Presse

Depuis 10 ans, les PDG se sont succédé à la tête d’Hydro-Québec en laissant des plans inachevés. C’est au tour de Michael Sabia de quitter prématurément une organisation qu’il vient d’engager dans le plan d’expansion le plus coûteux et le plus ambitieux de son histoire.

Le défi colossal d’investir 180 milliards au cours des dix prochaines années pour augmenter de 50 % la production d’électricité du Québec est sûrement attrayant pour un dirigeant, mais celui de défendre le Canada contre l’administration Trump l’était visiblement plus pour Michael Sabia.

« Pour lui, c’est vraiment une opportunité avec un grand O », estime Alexandra Langelier, vice-présidente de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques.

Michael Sabia a accepté la demande du premier ministre Mark Carney « pour relever ces défis de front », a-t-il dit en annonçant son départ après seulement deux ans à la tête d’Hydro-Québec.

Michael Sabia vivait difficilement avec les hostilités déclenchées par les États-Unis contre le Canada. « La seule manière de négocier est d’une position de force. Surtout face à un intimidateur. Et le président des États-Unis est un intimidateur », avait-il déclaré en février dernier dans un discours remarqué au Cercle canadien de Montréal.

Il a choisi de sauter dans la guerre commerciale et de laisser à d’autres la suite du plan d’expansion qu’il a conçu pour Hydro-Québec. Ce n’est pas la première fois que la société d’État se retrouve dans cette situation.

Depuis 10 ans, trois PDG sont arrivés chez Hydro-Québec avec leurs ambitions et leurs personnes de confiance, puis sont partis sans attendre les résultats.

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Successeurs possibles

Maxime Aucoin, vice-président exécutif responsable de la stratégie et des finances, et Dave Rhéaume, vice-président exécutif responsable des activités commerciales et chef des relations avec la clientèle, sont deux dirigeants recrutés par Michael Sabia et qui pourraient lui succéder.

M. Sabia quittera son poste le 4 juillet. La société d’État n’a pas encore nommé la personne qui assurera l’intérim pendant le processus de recherche d’un successeur, qui pourrait prendre un certain temps. Les fois précédentes, Jean-Hugues Lafleur, vice-président exécutif et chef de la direction financière, avait assuré l’intérim.

Le conseil d’administration a la responsabilité d’assurer la poursuite des objectifs de l’organisation, de déterminer des profils de candidats et de suggérer des noms, indique Alexandra Langelier, de l’Institut sur la gouvernance. « M. Sabia va peut-être lui-même suggérer des noms », avance-t-elle.

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