La rémunération des dirigeants à l’ère d’une conception plurielle de la performance
L’ampleur des montants consentis aux plus hauts dirigeants des plus grandes firmes canadiennes, comparativement aux salaires de la classe moyenne, suscite de plus en plus le sentiment d’un traitement inique. Chaque année, des critiques s’élèvent et des pamphlets dénonçant et exhibant le faste des rémunérations octroyées sont diffusés. On y expose le caractère attentatoire à la dignité des travailleurs canadiens de cette opulence en soulignant qu’en moyenne, les hauts dirigeants gagnent le salaire annuel d’un travailleur canadien en à peine quelques heures.
Dans quelle mesure la rémunération des hauts dirigeants a-t-elle crû au point d’en faire une telle cible de désapprobation et d’en faire le symbole des écarts de richesse dans la société? A-t-on perdu le sens premier de ce que doit faire la rémunération, c’est-à -dire de contribuer à attirer, retenir et motiver ?
Ces questions sont fondamentales. À deux reprises, en 2012 et en 2017, l’IGOPP a publié une prise de position sur la rémunération des dirigeants. Dans le cadre de ces travaux, nous avions identifié plusieurs facteurs et influences qui ont contribué à l’augmentation de la rémunération des hauts dirigeants, un phénomène que nous documentons depuis 1998. La présente prise de position poursuit cette analyse.