9 février 2019

Les grand(e)s de la gouvernance

Simon Lord | Les Affaires

Ils sont influents. Ils sont diplômés des meilleures écoles. Et ils siègent à une poignée de conseils d’administration d’entreprises québécoises cotées en Bourse. Souvent en retrait des projecteurs, ce sont les grands de la gouvernance. Qui sont-ils ? Question de mieux les connaître, Les Affaires s’est plongé dans des données exclusives compilées par la Chaire de recherche en gouvernance de sociétés de l’Université Laval afin de réaliser un palmarès unique.

Les Affaires a dressé cette liste qui recense le gratin du monde des conseils d’administration de la province en attribuant un score à chaque administrateur en fonction du nombre de conseils auxquels il siège. Ce score a été pondéré par la capitalisation boursière de l’entreprise et par le rôle de l’administrateur au sein du conseil.

Les données brutes ont été colligées par la Chaire de recherche en gouvernance de sociétés affiliée à la Faculté des sciences de la gestion de l’Université Laval. «Nous avons répertorié les informations relatives aux administrateurs listés dans les circulaires de sollicitation de procurations 2018 des entreprises québécoises cotées en Bourse», explique Jean Bédard, professeur à l’Université Laval et titulaire de la Chaire. Les entreprises prises en considération sont celles qui, selon la liste des sociétés émettrices de la Bourse TSX et de la Bourse de croissance TSX du 31 décembre 2017, avaient leur siège social au Québec.

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Trop, c’est comme trop

Que des administrateurs siègent à plusieurs conseils est-il souhaitable ? Michel Magnan remarque qu’il existe effectivement des avantages à engager des administrateurs occupés. Ceux-ci ont d’abord un grand réseau et sont confrontés à une multitude de situations différentes, un bagage dont ils peuvent ensuite se servir pour faire un meilleur travail d’administrateur. Par contre, que les mêmes administrateurs siègent à un grand nombre de conseils pose un risque réel de voir se propager les mêmes idées et perspectives. «Ça limite la diversité de points de vue, dit M. Magnan. Le danger est d’encourager la pensée unique.» Les avantages l’emportent-ils sur les inconvénients ? Pour l’instant, explique le professeur, la documentation scientifique ne permet pas de déterminer clairement de quel côté penche la balance.

Mais une chose est sûre : pour bien faire leur travail, les administrateurs doivent y consacrer le temps nécessaire. À partir de combien de postes une personne est-elle surchargée ? Aucune loi ne prévoit de maximum. La réponse dépend donc de plusieurs facteurs, explique Yvan Allaire, président exécutif du conseil de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques. La personne occupe-t-elle un poste de dirigeant à temps plein ? Quelle est la complexité des entreprises et de l’industrie dans laquelle elles évoluent ? «Pour un PDG, une limite raisonnable est de siéger à un conseil en plus du sien, dit M. Allaire. De toute façon, les CA aiment rarement voir leur PDG siéger à d’autres conseils. Pour les administrateurs qui s’y consacrent à temps plein, la limite peut aller à quatre ou cinq.»

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