19 octobre 2024

La montée en puissance des fonds privés

Louis Vachon, directeur invité

Julien Arsenault | La Presse

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Les firmes d’investissement privées se sont multipliées au cours des dernières décennies. Dans un créneau en plein essor, elles se sont retrouvées de plus en plus engagées dans des transactions impliquant des entreprises. Cette tendance comporte de bons et de moins bons côtés.

Quelque 625 transactions impliquant ces fonds et des entités présentes dans le créneau du placement privé – comme la Caisse de dépôt et placement du Québec, le Fonds de solidarité FTQ et Desjardins Capital – ont été recensées au pays, selon le plus récent rapport de l’Association canadienne du capital de risque et d’investissement.

Près de 10 milliards ont été déployés dans le cadre de ces opérations. Le Québec a été le théâtre de 344 transactions, selon le rapport. C’est la province où il y a eu le plus d’activité, d’après l’association.

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Pas longtemps

Ces investisseurs finissent cependant par quitter le navire – généralement dans un horizon d’environ cinq ans. Dans le cas de Novacap, sa sortie chez Plusgrade avait été annoncée en mars dernier, lorsque General Atlantic a pris le contrôle de la jeune pousse montréalaise. Ce chapitre aura duré moins de trois ans.

Selon le Globe and Mail, ce fonds new-yorkais aurait payé plus de 1 milliard pour racheter Plusgrade ainsi qu’une partie des actions de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui restait néanmoins à bord.

Ces scénarios sont inévitables, reconnaît M. Harris, qui relate un moment marquant d’un évènement organisé par l’un de ses premiers partenaires privés.

« L’un des partenaires de la firme monte sur scène pour prononcer un discours et dit : “C’est génial de tous vous voir ici, nous allons tous nous divorcer un de ces quatre, j’espère que ça sera en bons termes”, raconte l’entrepreneur. Tout le monde était un peu sous le choc dans la salle, mais c’était vrai. »

Ce va-et-vient des fonds privés dans l’actionnariat d’entreprises provoque aussi des changements de contrôle. Dans le cas de Plusgrade, l’entreprise a connu une forte croissance ces dernières années et son siège social se trouve toujours à Montréal, mais son actionnaire principal est américain. La sortie de Novacap a réduit la présence québécoise au sein du groupe de propriétaires.

L’abondance de capital privé émanant des firmes est aussi à l’origine d’un désintérêt des entrepreneurs envers les marchés boursiers, d’après une étude publiée en juillet dernier par l’Institut sur la gouvernance d’organisations publiques et privées.

En 2023, il n’y avait eu qu’un premier appel public à l’épargne à la Bourse de Toronto (TSX) – Lithium Royalty Corp. –, selon le document. Depuis le début de l’année, on n’en recense aucun sur Bay Street.

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