Rémunération excessive
Gérard Bérubé | Le DevoirL’exercice est aussi attendu en début d’année que le Bye Bye l’est en fin d’année (enfin !). Les 100 p.-d.g. les mieux rémunérés au Canada avaient, en moyenne, empoché le salaire annuel moyen d’un travailleur à temps plein à 11 h 47 le 3 janvier. Au-delà de cette symbolique empruntant au modèle de l’horloge, il faut retenir l’écart, sans cesse croissant (de 193 fois en 2015), entre la rémunération des mieux payés et le salaire moyen.
Petit clin d’oeil à ce patronat qui se lance dans le débat sur le salaire minimum à 15 $ l’heure en se pinçant le nez, les 100 personnes les mieux rémunérées avaient déjà en poche, le 2 janvier à 14 h, le salaire annuel moyen d’un travailleur canadien rémunéré au salaire minimum. Cette lecture vient du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), qui en fait un rendez-vous annuel depuis une dizaine d’années.
Sur cet horizon, l’écart a touché un bas de 155 dans le sillage de la Grande Récession. Pour bondir à 190 fois en 2010. Cela vaut pour le top 100. Il n’en demeure pas moins que, dans son ensemble, la rémunération de la haute direction multipliait par 150 le salaire moyen dans le secteur privé au tournant des années 2010, contre un ratio d’à peine 60 à la fin des années 1990. Et cette hyperinflation ne souffle pas qu’au sommet de la pyramide. L’écart est facilement passé du simple au double lorsqu’on aborde la rémunération des cadres de deuxième ou de troisième échelon hiérarchique, a déjà calculé l’Institut sur la gouvernance (IGOPP).