21 mai 2024

Rémunération des hauts dirigeants d’entreprise – Après des excès, la modération ?

Une certaine modération aurait-elle vraiment meilleur goût ?

Martin Vallières | La Presse

C’est la première impression qui se dégage de ce nouveau relevé annuel de la rémunération des hauts dirigeants d’entreprises qui ont leur siège social au Québec et dotées d’une valorisation boursière de plus de 500 millions de dollars.

Comme par le passé, les rémunérations multimillionnaires constituent la norme parmi les présidents et chefs de direction de ces entreprises.

À la différence du relevé de l’an dernier effectué par La Presse, où la forte reprise économique avait gonflé les rémunérations de hauts dirigeants, on ne trouve pas cette année de président dont la rémunération totale en salaire et primes dépasse les 20 millions de dollars.

Fait à noter, on ne trouve qu’une seule femme, la PDG du CN Tracy Robinson (6e), parmi les 30 grands patrons à la rémunération la plus élevée.

La liste sélecte des présidents et des chefs de la direction qui ont obtenu une rémunération totale évaluée à plus de 5 millions de dollars en 2023 compte 29 individus, soit 3 de moins que l’année précédente.

Aussi, parmi les hautes directions de ces entreprises québécoises, on ne retrouve pas cette année de montant total de leur rémunération qui dépasse les 45 millions de dollars, alors qu’il y en avait deux dans le relevé de l’an dernier.

Il s’agissait de deux entreprises de systèmes de paiement et de commerce électronique, Lightspeed Commerce et Nuvei, qui avaient chacune alloué près de 85 millions de dollars en valeur de rémunération totale parmi leurs cinq plus hauts dirigeants.

Cette année, la palme du montant de rémunération totale le plus élevé consenti à ses plus hauts dirigeants – 40,7 millions – revient à Couche-Tard, géant des dépanneurs et de postes d’essence en Amérique du Nord et en Europe.

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Tendance haussière qui se maintient

Au premier rang de ce classement, on trouve Lino A. Saputo, président et chef de la direction du géant laitier et fromager Saputo. Sa rémunération totale a triplé (+215 %) à 5,13 millions en 2023 par rapport à l’exercice précédent.

Dans le secteur de la haute finance, le président du conseil et chef de la direction de Fiera Capital, Jean-Guy Desjardins, a plus que doublé (+115 %) à 7,68 millions la valeur de sa rémunération totale à la fin de l’exercice 2023.

Manifestement, la tendance haussière de la rémunération des hauts dirigeants d’entreprise se maintient en dépit des critiques qu’elle suscite de la part des investisseurs influents et des autres parties prenantes dans ces entreprises. (François Dauphin, PDG de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques à Montréal)

« D’une part, lors des votes pris dans les assemblées d’actionnaires, on observe un léger repli du taux d’approbation des politiques de rémunération des hauts dirigeants. Quand ce taux passe sous les 80 %, ça peut devenir gênant pour le conseil d’administration de l’entreprise, selon François Dauphin, PDG de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP) à Montréal.

« D’autre part, aux États-Unis surtout, où ce calcul est réglementaire, on observe que le multiple de la rémunération des hauts dirigeants d’entreprise par rapport au salaire médian de leurs employés continue de s’élever. »

« Cette tendance suscite d’ailleurs de plus en plus de réactions dans la société, mais encore peu parmi les principaux investisseurs de ces entreprises, qui demeurent plus préoccupés par le rendement total de leurs placements », constate François Dauphin.

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