Mise en vente de la Banque Laurentienne: Les patrons ne partiront pas les mains vides
Julien Arsenault | La PresseLes hauts dirigeants de la Banque Laurentienne ne se retrouveront pas les mains vides si l’institution financière est vendue : ils se partageront 13 millions en indemnités de départ si on les remercie à la suite d’une transaction.
À elle seule, la présidente et cheffe de la direction Rania Llewellyn, en poste depuis moins de trois ans, aura droit à près de 6 millions. Ces détails figurent dans la plus récente circulaire de sollicitation du prêteur québécois envoyée à ses actionnaires.
Les calculs ont été effectués en date du 31 octobre dernier. Les sommes pourraient être plus élevées en fonction du prix qui serait offert pour chaque action de la Laurentienne advenant la conclusion d’une entente – ce qui n’est pas une certitude à l’heure actuelle. Ce mécanisme prévoyant des indemnités de départ en cas de cessation d’emploi dans le cas d’un changement de contrôle est monnaie courante au sein des sociétés cotées en Bourse. Il permet d’offrir une certaine protection aux patrons dans l’éventualité où une offre hostile ou non sollicitée mènerait à une perte d’emploi.
L’exemple de la Laurentienne, qui a elle-même pris la décision de se mettre en vente, témoigne cependant des effets indésirables de ces indemnités, estime François Dauphin, directeur de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP).
« Habituellement, les comités de rémunération ne songent pas à cette option [une vente], dit-il. C’est une erreur. On est souvent trop généreux. »
C’est presque un incitatif à vendre dans certains cas. Il devrait y avoir une clause différente. Nous ne sommes pas dans un cas où [le processus] est involontaire. (François Dauphin, directeur de l’IGOPP)
Professeure à l’École nationale d’administration publique, Marie-Soleil Tremblay est moins sévère. Dans le contexte actuel, la banque doit être en mesure de conserver ses employés clés malgré l’incertitude, affirme-t-elle.
« On veut s’assurer de conserver une stabilité en cas de vente ou d’acquisition, explique l’experte. On veut qu’il y ait un alignement pour les actionnaires. On pourrait ne rien donner à personne, mais est-ce que cela serait au bénéfice de l’organisation ? »
À vendre
La septième banque en importance du pays en matière d’actif a annoncé, mardi dernier, qu’elle examinait ses « options stratégiques ». Dans les faits, elle a plutôt retenu les services de JPMorgan Chase pour se trouver un acquéreur, selon nos informations.
Des approches ont même déjà été tentées, notamment auprès d’institutions financières québécoises.
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Même si la Laurentienne a commencé à frapper à différentes portes, les analystes qui suivent les activités du secteur financier se demandent qui, parmi les six grandes banques canadiennes, pourrait s’y intéresser. À La Presse, le professeur en stratégie à HEC Montréal Louis Hébert a déjà expliqué que les perspectives pour le siège social montréalais de la Laurentienne n’étaient pas reluisantes si c’est un acteur canadien qui met la main sur la banque québécoise.
« Si c’est une acquisition de consolidation d’un acteur canadien, c’est certain que le siège social va disparaître, relatait le spécialiste des fusions et acquisitions. On voudra réaliser des économies d’échelle et amoindrir les coûts de gestion. »