Les sièges sociaux des grandes entreprises du Québec sont-ils en péril?
Yvan Allaire et François Dauphin | IGOPPPlus de six mois après le fait, la vente de Rona à la société américaine Lowe’s continue de créer des remous politiques. Une première tentative d’acquisition de Rona par Lowe’s en 2012 avait pris un caractère plus ou moins hostile, ce qui avait suscité une vigoureuse réaction de la part du gouvernement du Québec. Celui-ci ordonna aux institutions financières sous son contrôle (Investissement Québec) et incita celles susceptibles à son influence (la Caisse de dépôt et placement, le Fonds de solidarité de la FTQ) de prendre une position de blocage dans l’actionnariat de Rona. Ce qui fut fait afin de conserver le siège social au Québec.
Lowe’s se retira alors de l’opération. Mais les négociations reprirent en 2015 afin de conclure une transaction « amicale » cette fois-ci. Le conseil d’administration de Rona approuva alors unanimement la vente de la société à Lowe’s, sans que le gouvernement du Québec ne formule quelque objection devant la disparition graduelle du siège social de Rona.
La question est posée : combien de grandes sociétés québécoises pourraient être achetées par des entreprises venues d’ailleurs avec comme conséquence la perte, à court ou à long terme, des fonctions stratégiques associées à leur siège social. Cette démarche d’achat peut prendre une forme dite « hostile » ou « amicale » selon que la direction de l’entreprise ciblée appuie la transaction ou s’y oppose.
Les grandes entreprises québécoises à risque de prise de contrôle hostile
En utilisant comme point de départ la liste du FP500 (les plus importantes sociétés canadiennes selon leurs revenus en 2015), nous avons choisi de définir une entreprise comme “grande” si elle affiche des revenus supérieurs à un milliard de dollars.
En 2015, quelque 69 sociétés dont le siège juridique est situé au Québec se qualifiaient comme «grandes». Lesquelles de ces 69 sociétés sont vulnérables à une offre d’achat non souhaitée?
Les propos de ce texte n’engagent que les auteurs.