Les minorités visibles absentes des CA des sociétés d’État
Plus d’un million de personnes au Québec viennent pourtant de ces communautés
Francis Halin | Journal de MontréalLes Québécois issus des minorités visibles sont quasi absents des conseils d’administration des plus importantes sociétés d’État du Québec, a constaté Le Journal.
Même si elles forment près de 13 % de la population québécoise et le tiers de celle de la métropole, aucune personne issue des minorités visibles ne siège à un conseil d’administration de Loto-Québec, d’Hydro-Québec et de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
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Pas de loi
Mais pour la vice-première ministre, la solution ne passe pas nécessairement par des changements législatifs.
« Je ne sais pas si on est rendu à passer une loi », a laissé tomber Mme Anglade au cours d’un entretien.
Selon elle, les projets menés par des organismes de promotion de la diversité en entrepreneuriat comme Entreprendre ici sont très importants parce qu’ils répondent aux besoins exprimés par la communauté.
Cela dit, malgré la Loi sur la gouvernance des sociétés d’État en 2006 et une politique adoptée par le Conseil des ministres en 2011, les résultats se font toujours attendre.
« Dans la Loi actuelle, on ne parle pas de “minorités visibles”, on parle de refléter la réalité sociale. La Loi n’est pas très claire », analyse le directeur général de l’Institut sur la gouvernance (IGOPP), Michel Nadeau.
Pour l’administratrice d’Investissement Québec Madeleine Féquière, elle-même issue des minorités visibles, il faut en faire plus. « La Loi ne dit pas que l’on doit avoir des minorités visibles, c’est peut-être là où le bât blesse », partage-t-elle.
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Du progrès
« Je pense que les sociétés d’État ont beaucoup progressé sur la place des femmes », estime également le directeur général de l’Institut sur la gouvernance (IGOPP), Michel Nadeau.
Aujourd’hui, près de 67 % des membres du conseil d’administration de Loto-Québec sont des femmes. Chez Investissement Québec, c’est 64 %. À la Société des alcools du Québec, 58 % et chez Hydro-Québec, 56 %. Seule la Caisse de dépôt et placement du Québec traîne la patte avec 38 %.
« S’il n’y avait pas eu la Loi, je ne pense pas qu’on aurait la parité sur les conseils d’administration des sociétés d’État », est persuadée l’administratrice d’Investissement Québec Madeleine Féquière.
Après avoir lutté des années pour que les femmes prennent leur place aux conseils d’administration, elle a cofondé l’organisme Excellence Québec pour que les jeunes des minorités visibles puissent eux aussi percer cet autre plafond de verre.
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