Le nombre de cadres en santé augmente sans cesse depuis 5 ans et leur salaire combiné dépasse maintenant le milliard $
Notre Bureau d'enquête a compilé le salaire de près de 10 000 d'entre eux
Charles Mathieu | Le Journal de MontréalLe nombre de cadres dans le réseau de la santé augmente sans cesse depuis 5 ans, et 164 de ces gestionnaires qui ne soignent pas directement des patients gagnent maintenant plus de 200 000$.
Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), pas moins de 13 050 cadres évoluaient dans le réseau en 2023-2024, alors qu’ils étaient 9555 en 2019-2020, tout au début de la pandémie.
Il s’agit d’une augmentation de 36,5%, soit plus élevée que l’augmentation du reste du personnel, qui était d’environ 15% pendant la même période.
En épluchant des rapports de gestion et grâce à des demandes d’accès à l’information, notre Bureau d’enquête a réussi à rassembler les salaires de plus de 10 500 de ces 13 050 cadres. Ils sont accessibles dans un outil interactif sur notre site web au jdem.com/salaires.
164 d’entre eux, dont la nouvelle «top gun» Geneviève Biron (voir autre texte), gagnent 200 000$ et plus, et 527 ont un salaire de plus de 150 000$ par année.
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Médecins en haut du classement
Avant la création de l’agence Santé Québec, la cadre la mieux payée était la directrice des services professionnels du CIUSSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Marlène Landry, avec 410 869$.
«[Au revenu de base de 300 268$] s’ajoute une majoration de salaire […]. Cette majoration existe pour les territoires insuffisamment pourvus en effectifs médicaux», a expliqué le CIUSSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean dans un échange de courriels.
Mme Landry est elle-même médecin.
«C’est un médecin qui devient le boss des médecins. Quand il arrive en fonction, il ne passera pas d’un salaire de 350 000$ à un salaire de 120 000$. Il y a un appariement qui est fait», soutient Rémy Trudel, ex-ministre de la Santé et professeur à l’École nationale d’administration publique.
«Si vous voulez attirer un médecin à un poste, une autre fonction, il va évidemment considérer ce qu’il perd en contrepartie.»
«Il y a donc la même logique [que dans le domaine de la finance] qui s’applique», explique François Dauphin, directeur de l’Institut sur la gouvernance d’organisations publiques et privées.
La rémunération de Marlène Landry devance de plus de 13 000$ celle de la PDG du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), Lucie Opatrny.
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