Et si la famille Audet vendait Cogeco à Rogers ?
Gérald Fillion | ICI - Radio-CanadaSi d’aventure la famille Audet décidait de vendre l’empire Cogeco à Altice et Rogers Communications, que pourrait donc faire François Legault pour contrer cette transaction, lui qui a dit mercredi qu’il n’est « pas question de laisser cette entreprise québécoise déménager son siège social en Ontario »? Près de 20 ans après l’affaire Vidéotron, la vente d’un joyau québécois des télécommunications à la torontoise Rogers soulève les passions.
Depuis des années, les gouvernements successifs de Jean Charest, Pauline Marois, Philippe Couillard et François Legault ont tenté d’organiser une forme de réponse ou de défense des sièges sociaux pour que le Québec cesse de perdre ses lieux de pouvoir.
Yvan Allaire, président de l’Institut sur la gouvernance des organisations publiques et privées, a répertorié en 2016 les sièges sociaux du Québec qui sont à risque. Ainsi, environ une quinzaine de grands groupes, générant des revenus de plus d’un milliard de dollars par année, avaient été identifiés comme étant sans protection face à une offre d’achat hostile.
Cette liste ne comprenait pas Cogeco, puisqu’il s’agissait (et c’est toujours le cas) d’une société ouverte (donc, qui est en bourse) dite contrôlée. Autrement dit, puisqu’un groupe d’actionnaires, la famille Audet, en détient la majorité des actions avec droit de vote (69 %), l’entreprise n’était pas vue comme étant à risque de passer à des intérêts étrangers.
Au nombre de ces entreprises dont les fondateurs ou propriétaires actuels étaient en contrôle des droits de vote en 2016 figuraient Couche-Tard, Power Corp., Bombardier, Saputo, CGI, Québecor, Cascades, BRP, Dorel, Jean Coutu, Transcontinental et Lassonde, en plus de Cogeco.
Cogeco scindée?
Maintenant, malgré ce contrôle familial des votes, voilà que Cogeco fait face à une offre non sollicitée d’un groupe américain qui prévoit revendre, si la transaction allait de l’avant, les activités canadiennes de l’entreprise à Rogers Communications.
Les membres indépendants des conseils d’administration de Cogeco inc. et Cogeco Communications inc. ont rejeté la proposition à la suite de rencontres des deux conseils et des discussions avec des membres de la famille Audet
, selon un communiqué publié le 2 septembre.
N’empêche, l’action de Cogeco a bondi de 17 %, signe que les actionnaires s’attendent à du mouvement. S’il avait été clair dans l’esprit des investisseurs que la famille Audet refusera toujours catégoriquement la vente de l’entreprise, il n’aurait pas été intéressant, d’un coup sec, que l’action passe de 78 à 91 $ en bourse.
Peu d’options pour Québec
La hausse boursière est le signal qu’on s’attend à ce que des négociations s’amorcent avec la famille Audet et que d’autres propositions venant d’autres groupes puissent être faites. Et c’est pourquoi on peut se demander aujourd’hui ce que pourrait bien faire le gouvernement du Québec si les Audet décidaient de vendre leur entreprise, ce qui est dans leur droit!