17 février 2023

Un numéro deux au passé tumultueux chez Azure

Investissement indien de la CDPQ

Julien Arsenault | La Presse

Azure Power Global, dans laquelle la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a injecté un demi-milliard, n’est pas seulement secouée par des irrégularités internes. Des accusations de blanchiment d’argent pèsent sur son deuxième dirigeant, au sujet de son rôle passé dans un scandale financier.

Pawan Kumar Agrawal est chef de la direction financière du producteur indien d’énergie solaire depuis plus de quatre ans. Il était donc bien en selle au moment d’être épinglé, en 2021, par le Directorate of Enforcement (DE) – l’agence indienne chargée d’enquêter sur les crimes financiers. Il est toujours en poste chez Azure, où il est chargé de s’assurer que les finances sont en règle alors que d’importantes irrégularités planent au-dessus de l’entreprise.

La CDPQ était déjà en position de force chez Azure avec une participation de 41,4 % lorsque M. Agrawal est arrivé en 2019. Plus tard dans l’année, l’institution était actionnaire à hauteur de 49,4 %. Pour François Dauphin, directeur de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), à Montréal, les allégations qui visent M. Agrawal sont préoccupantes.

« En tant que chef de la direction financière, vous êtes en quelque sorte le chien de garde de la fiabilité et des contrôles, dit l’expert, en entrevue téléphonique. N’y aurait-il pas un autre directeur financier disponible et libre de tout soupçon ? La question est pertinente. »

La Caisse n’a pas voulu commenter la situation du chef des finances d’Azure.

Gros coup de filet

Employés par la Yes Bank – qui se classe dans le milieu du peloton parmi les 22 plus grandes institutions financières privées en Inde –, M. Agrawal et une vingtaine d’autres hauts dirigeants auraient permis à la banque établie à Bombay de consentir des prêts qui n’auraient jamais dû être accordés parce qu’ils étaient jugés trop risqués.

Ces détails figurent dans une volumineuse déclaration sous serment de 101 pages produite par l’agence indienne le 1er octobre 2021. La Presse a obtenu une copie du document.

« Il est clair que M. Agrawal a participé à ce système de blanchiment d’argent en ne remplissant pas ses fonctions correctement, ce qui a entraîné des pertes pour les investisseurs et le public », est-il notamment écrit dans le document, qui adresse les mêmes reproches aux autres présumés fautifs dans cette affaire.

Les allégations n’ont pas encore été prouvées devant le tribunal. Selon les médias indiens, les accusés avaient été arrêtés avant d’être mis en liberté sous caution.

Le principal accusé dans le dossier est l’ex-chef de la direction et cofondateur de la Yes Bank Rana Kapoor, qui s’est temporairement retrouvé derrière les barreaux. Les crimes auraient été commis entre 2017 et 2019. Selon les autorités indiennes, dans le but de dissuader ses subalternes de tirer la sonnette d’alarme, M. Kapoor leur aurait offert de généreuses hausses salariales ainsi que d’autres avantages, comme des promotions.

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Azure au courant

Azure a brièvement évoqué l’affaire dans des documents déposés auprès des autorités réglementaires américaines. Elle ne donne toutefois pas de détails sur les gestes qui auraient été posés. L’entreprise n’a pas répondu aux questions de La Presse.

Il n’a donc pas été possible de savoir si, par exemple, Azure a mené sa propre enquête ou si M. Agrawal est encadré de manière différente depuis qu’il est accusé.

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