Un C.A. activiste
Gérard Bérubé | Le DevoirLa notion de « capitalisme de propriétaires » est dans l’air du temps. Le mois dernier, dans une allocation ayant pour thème les sièges sociaux au Québec, Gaétan Morin, président et chef de la direction du Fonds de solidarité FTQ, s’est fait plus précis en utilisant l’étiquette d’actionnaire propriétaire. Loin d’être tautologique, cette expression nous rappelle qu’en matière de gouvernance, le C.A. des entreprises à contrôle diffus souffre depuis trop longtemps d’un déphasage devenu chronique face à aux prédateurs institutionnels. Il est attendu que les administrateurs sauront s’inspirer de cet actionnariat activiste qui a su se développer au fil des crises et des enjeux débordant la simple valorisation boursière.
Yvan Allaire, président exécutif du conseil d’administration de l’Institut sur la gouvernance (IGOPP), a publié mercredi une nouvelle réflexion plaçant ce décalage dans un contexte historique et déplorant une perte graduelle de la légitimité de ces conseils coiffant les entreprises sans contrôle majoritaire. Le document d’une dizaine de pages remonte aux années 1980. À cette époque de grandes manoeuvres « corporatives » ayant culminé avec la multiplication des prises de contrôle hostiles empruntant aux acquisitions par endettement suivies d’un démantèlement des éléments d’actif acquis, la synergie s’inversait sous le jeu de l’inflation galopante et de l’essor du marché des obligations de pacotille qu’il fallait bien nourrir.