1 mai 2014

Mauvais temps pour brader

Gérard Bérubé | Le Devoir

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« D’un point de vue strictement comptable ou financier, la privatisation partielle d’Hydro-Québec et celle de la SAQ trouvent difficilement une justification. Si l’on retient la proposition d’une privatisation partielle équivalant à 10 % du capital pour éviter d’autres contraintes fiscales, l’actif vendu ne viendra réduire que marginalement la dette publique que l’État finance sur les marchés à un taux historiquement bas de moins de 4 %, en moyenne. Dans la colonne des revenus, le gouvernement se priverait d’un dividende annuel aussi important que régulier. L’an dernier, le dividende d’Hydro a été de 2,2 milliards et celui de la SAQ, de quelque 1 milliard. Si l’on y applique le pourcentage, on parle d’un dividende atteignant 320 millions, appelé à croître au fil des ans, qui serait refilé à une autre partie prenante, probablement en franchise d’impôt.

Certains analystes ont tenté d’accoler une valeur marchande à Hydro et à la SAQ. Yvan Allaire, président exécutif de l’Institut sur la gouvernance des organisations publiques et privées, a estimé la valeur marchande de l’avoir des actionnaires d’Hydro à 30 milliards et celle de la SAQ, à 20 milliards. En vendant 10 %, le gouvernement obtiendrait 5 milliards. Il perdrait ainsi un rendement de 6,5 % pour sauver un taux d’intérêt de moins de 4 %. Pourquoi brader un actif de qualité, dans une conjoncture défavorable à une telle vente, alors que le Québec jouit (encore) d’une bonne cote et qu’il peut emprunter à moindre coût ? »

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