Les absents du Québec inc.
Martin Jolicoeur | Les AffairesPlus tôt cet été, les membres du CA de Telus ont poussé leur chef de la direction à démissionner après qu’il eut refusé de déménager en Colombie-Britannique, où est situé le siège de la société de téléphonie. Au Québec, plusieurs patrons de grandes sociétés cotées ne résident pas dans la province, révèle une recherche exclusive de Les Affaires.
Pas moins de 16 % du top 50 des sociétés publiques au Québec sont dirigées par un président ou un chef de la direction qui ne vit ni ne réside au Québec, a-t-on pu constater. Ainsi, même si le siège social de leur entreprise est officiellement situé à Montréal (ou sa région immédiate), bon nombre de chefs de direction de ces entreprises habitent, quant à eux, à des centaines de kilomètres de là, souvent en Ontario ou aux États-Unis.
Les cas de BCE et Valeant sont largement documentés. Mais figurent également parmi ces sociétés les cas plus insoupçonnés d’entreprises comme Alimentation Couche-Tard, TransForce ou même Domtar.
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George Cope, un Ontarien endurci, a aussi maintes fois été questionné à ce propos. Comment peut-il diriger BCE de Toronto, alors que son siège se trouve toujours officiellement à Montréal ? M. Cope n’était pas disponible pour discuter de ce sujet avec Les Affaires, mais sa porte-parole Marie-Ève Francoeur a souhaité rappeler que ce dernier dispose de «bureaux à Montréal et à Toronto, même s’il réside à Toronto».
Peut-être bien, convient Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP). «Mais dans le cas de BCE, déplore-t-il, onze des treize cadres supérieurs qui dirigent l’entreprise le font maintenant de Toronto.»