L’ère de l’activisme
Diane Bérard | Les AffairesDifficile pour les PDG de garder le silence devant les enjeux sociétaux. On réclame d’eux qu’ils se mouillent pour faire écho à la quête de sens des employés, des actionnaires et des consommateurs. Que faut-il savoir sur la montée des pressions activistes sur les entreprises ? Et comment y réagir ?
Investisseurs activistes. Employés activistes. Patrons activistes. Consommateurs activistes. Le citoyen se manifeste de plus en plus dans l’espace public et s’amène au travail. «La politique a pénétré la culture populaire», constate Tony Calandro, directeur de la pratique d’impact pour la firme de recherche américaine Povaddo.
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Les administrateurs activistes
Lorsque les actionnaires sont insatisfaits des réponses de la direction, ils s’adressent au CA. Les administrateurs ont intérêt à connaître leurs dossiers. «Des administrateurs activistes sont nécessaires pour contourner la faille principale de la gouvernance, soit l’asymétrie de l’information entre la direction et le CA», dit Yvan Allaire, président exécutif de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), qui vient de publier On Becoming an Activist Board, in the Age of Shareholder Activism. Il poursuit : «L’administrateur ne peut pas se fier uniquement à l’information que lui fournit la direction. Il doit développer ses propres systèmes d’information sur l’entreprise et le secteur, à partir de sources indépendantes.»
Ce n’est pas simple, reconnaît Yvan Allaire. Dans sa quête d’information indépendante, l’administrateur heurte souvent la direction. Celle-ci peut interpréter cette démarche comme un vote de non-confiance. «Cette attitude doit changer. Lorsqu’on analyse les catastrophes a posteriori, on constate que les administrateurs ne disposaient pas d’assez d’information sur les dossiers difficiles pour jouer leur rôle adéquatement.»
Le dirigeant doit lui aussi se tenir informé pour jouer son rôle de façon correcte. Ce qu’on attend de lui et de son organisation évolue. L’activisme lui offre la possibilité de mieux se connecter avec ses parties prenantes. Toutefois, cette voie comporte un défi important : il faut savoir combiner activisme stratégique et activisme authentique. On ne s’en sort pas : les bottines doivent suivre les babines !