Et l’intérêt national?
Gérard Bérubé | Le DevoirDrôle de réaction de Québec à cette sortie d’Alain Bouchard. En quoi une erreur de jugement commise il y a 20 ans, alimentant aujourd’hui les tiraillements d’actionnaires sur une problématique de succession familiale, serait-elle d’intérêt national ?
Achat de Rona par Lowe’s, de St-Hubert par Cara… Évoquer publiquement la vente de Couche-Tard relève d’un opportunisme circonstanciel venant d’un entrepreneur pourtant prompt à dénoncer l’interventionnisme de l’État et la trop grande soumission du gouvernement québécois aux groupes de pression. Cette menace d’une hypothétique perte d’un autre siège social dans cinq ans, brandie par un spécialiste des acquisitions hors Québec, ne peut qu’alimenter une sympathie politique également de circonstance. Et comme si, dans l’éventualité, l’acquéreur serait étranger.
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Pourtant, et le directeur général de l’Institut sur la gouvernance (IGOPP), Michel Nadeau, le rappelait encore mercredi, les mentalités changent quant à la présence d’actions à droit de vote multiple. C’est aussi le cas sur la très conservatrice Bay Street, même si la famille Beaudoin-Bombardier goûte encore à la médecine du ratio de droits de vote optimal. Il n’y a pas qu’au Québec où la formule affiche des résultats probants. Empire, Sobeys, Canadian Tire… Les grands actionnaires, comme la Coalition canadienne pour une bonne gouvernance, reconnaissent l’importance de la présence d’un actionnaire de référence.