Surperformance des firmes familiales
Yan Barcelo | Finance et InvestissementL’époque des entreprises publiques à contrôle familial est loin d’être révolue. Selon une récente étude de la Banque Nationale (BN) intitulée L’avantage familial, non seulement les entreprises de ce type se portent-elles bien, mais un échantillon de trente d’entre elles bat l’indice S&P/TSX à plate couture. Sur les quelque 250 titres qui composent le S&P/TSX, on compte environ 65 entreprises à contrôle familial. L’étude de la BN en a sélectionné un échantillon de 30, qu’elle a regroupées sous l’Indice BNC des entreprises familiales canadiennes.
Pour la période allant d’août 2005 à août 2015, cet indice affiche un rendement supérieur de 120 % à celui du S&P/TSX. Sur une base annualisée, les rendements de l’indice BNC des entreprises familiales canadiennes s’élèvent à 11,3 % par rapport à 5,6 % pour l’indice composé S&P/TSX, lit-on dans l’étude.
«Selon les théories de gestion des années 1990, les entreprises à contrôle familial auraient dû disparaître», rappelle Isabelle Le Breton-Miller, professeure agrégée et titulaire de la Chaire de
recherche sur la relève et sur l’entreprise familiale à HEC Montréal.
Loin d’être mortes
Archaïque, le modèle de l’entreprise familiale devait céder sa place à l’entreprise moderne contrôlée par des dirigeants et un actionnariat anonyme. «On pensait que les sociétés ouvertes dotées d’une direction professionnelle seraient mieux placées pour mobiliser des capitaux, attirer du personnel hautement qualifié et dégager des profits supérieurs», apprend-on dans l’étude.
Les gourous se sont gourés. L’entreprise familiale demeure la réalité de base pour 90 % de l’économie nord-américaine, affirme l’étude, qu’il s’agisse du dépanneur du coin ou d’un géant comme Loblaws.
De plus, le phénomène ne se cantonne pas au Canada et il est plus marqué ailleurs. Selon McKinsey, en 2014, les sociétés contrôlées par des familles représentaient 19 % des entreprises du Fortune Global 500.
«Environ 60 % des sociétés du secteur privé dans les pays en développement réalisant un chiffre d’affaires de 1 G$ ou plus étaient contrôlées par des familles en 2010», rapporte l’étude de la BN.
En réalité, sous le vocable «entreprise familiale», ce sont les structures d’actionnariat avec actions à votes multiples que visent les critiques, fait ressortir Yvan Allaire, président exécutif du conseil
d’administration de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP).
«Ils réclament la démocratie de l’actionnariat avec un droit, un vote, dit ce dernier. Mais si vous voulez les mêmes règles dans les entreprises que dans les sociétés civiles, leur dis-je, vous voterez
seulement tous les quatre ans, et les nouveaux arrivants ne pourront pas voter non plus. Quand je leur lance ça, les gens ne parlent plus beaucoup.»
Or, loin d’être reléguées aux oubliettes, les entreprises qui disposent de catégories d’actions à votes multiples se multiplient, note Yvan Allaire, qui cite des exemples récents, comme Google et Facebook.
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