Près de 5 millions en primes chez Investissement Québec
Julien Arsenault | La Presse CanadienneLes primes versées chez Investissement Québec (IQ) continuent de grimper, alors que 534 cadres et employés du bras financier de l’État québécois, qui sont de plus en plus nombreux, vont pouvoir se partager 5 millions.
Ce montant pour l’exercice 2018-2019 représente un bond de 26,6 % par rapport à l’année précédente, indiquent les données obtenues par La Presse canadienne en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.
Cette tendance pourrait même se poursuivre, alors que sous la gouverne de son nouveau président-directeur général Guy LeBlanc, la société d’État devrait voir son effectif doubler dans la foulée de la réforme annoncée par le gouvernement Legault plus tôt ce mois-ci.
La part du lion des primes, soit 3,07 millions, sera distribuée à l’ancien dirigeant Pierre Gabriel Côté, aux 14 vice-présidents et 96 cadres. Le reste des 438 « autres employés » syndiqués et non syndiqués vont toucher environ 1,92 million.
Du côté des cadres, la rémunération incitative atteindra 1,93 million, ce qui constitue un bond de 69 % par rapport à 2017-2018. Au cours de cette période, leur nombre est passé de 88 à 96. La prime de M. Côté est de 64 777 $, en progression de 4 %.
En plus de citer une « performance financière record » au terme du dernier exercice, IQ explique, dans sa réponse, que la hausse est attribuable à la croissance du nombre de « hauts dirigeants et cadres éligibles ».
« Un plus grand nombre […] étaient éligibles […] alors qu’ils ne l’étaient pas pour l’exercice précédent, puisqu’une large proportion d’entre eux sont entrés en poste au cours de l’exercice 2017-2018 », peut-on lire dans les documents.
IQ souligne qu’en 2017-2018, plusieurs de ceux-ci n’avaient pas travaillé pendant la période de 130 jours requise pour obtenir une rémunération incitative. Dans certains cas, le montant versé était moindre en l’absence d’une année de service complète.
Un peu trop ?
S’il n’est pas contre le concept de la rémunération incitative, le directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), Michel Nadeau, estime que beaucoup de personnes ont droit aux primes chez IQ.
« Généralement, dans un endroit où l’on effectue des placements, ce n’est pas tout le monde qui a droit à des primes, a-t-il expliqué au cours d’un entretien téléphonique. Nous sommes rendus à 534 personnes. Cela fait beaucoup de monde. Les primes doivent s’adresser aux gens qui ont contribué à permettre à IQ de réaliser une performance exceptionnelle dans certains placements. L’ensemble du portefeuille, on le sait, environ 95 % de celui-ci est attribuable aux dirigeants passés. »
M. Nadeau croit également que la société d’État devrait préciser davantage ce qui permet à certaines catégories d’employés d’avoir droit ou non à des primes.
Au terme de l’année financière terminée le 31 mars dernier, IQ a affiché un résultat net de 300 millions, en hausse de 13,6 % par rapport à l’exercice précédent. Son rendement ajusté, qui fait abstraction de certains éléments, a été de 8,6 %, en hausse de 3,3 points de pourcentage.
Cette performance s’était également reflétée sur la paye des hauts dirigeants, puisque leur rémunération globale a bondi de 16 %, à 2,24 millions.
Ainsi, tous les patrons de la société d’État ont eu droit à une rémunération globale supérieure à 400 000 $, alors qu’en 2017-2018, tous les membres de la haute direction à l’exception de M. Côté avaient obtenu un montant inférieur à cette somme.
Dans ses justifications pour expliquer les primes de 4,99 millions qui seront versées, IQ affirme être une société d’État qui se trouve dans une « situation de non-monopole ».
« L’environnement hautement (concurrentiel) et le caractère unique d’Investissement Québec l’oblige à se rapprocher des pratiques de rémunération du secteur privé et des (investisseurs) institutionnels », fait valoir la société d’État.
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