Le magot, la peur et les fleurs
Francis Vailles | La PresseHier matin, le choc : un autre siège social qui s’en va. Puis, le constat, implacable : la vente de Rona était devenue inévitable. Voici trois raisons qui expliquent pourquoi.
LE MAGOT
D’abord, parlons du magot offert aux actionnaires, notamment à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Depuis cinq ans, l’action de Rona est relativement stable en Bourse. Certes, il y a eu une remontée au printemps 2015, à environ 16 $ l’action, mais le titre a perdu des plumes, si bien qu’il s’échange à sa valeur typique des dernières années depuis quelque temps, soit 12 $.
Arrive l’offre du géant américain Lowe’s : 24 $. Pardon ? Oui, oui, le double.
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LES FLEURS
Enfin, il y a les fleurs. En négociant de plein gré avec Lowe’s, Rona a pu obtenir certaines garanties. Le siège social des activités canadiennes de Lowe’s sera à Boucherville, ce qui obligera le président de Lowe’s Canada, Sylvain Prud’homme, à déménager de Toronto à Montréal.
Lowe’s s’engage à poursuivre l’approvisionnement local de Rona et à « potentiellement accroître les liens avec les fournisseurs canadiens ». L’entreprise promet aussi de garder les enseignes multiples de Rona et de garder le gros des employés et de l’équipe de direction.
« Il est difficile de déchirer sa chemise avec une telle transaction », dit l’expert Yvan Allaire, qui a décortiqué l’éventail de sièges sociaux au Québec.
Cela dit, il ne faut pas se leurrer, la perte de contrôle de nos entreprises n’est jamais une bonne nouvelle. Le chef de la CAQ, François Legault, a raison de dire que les avocats, comptables et consultants informatiques de Montréal perdent au change quand nos Alcan, Astral et autres Cirque du Soleil glissent dans des mains étrangères.