Le bal des assemblées annuelles
Entrevue avec Yvan Allaire | La Presse« Avant de se rendre à une assemblée des actionnaires, les journalistes se demandent souvent s’ils ne s’apprêtent pas à perdre deux heures de leur temps. Après tout, il est assez rare qu’on y apprenne grand-chose de nouveau. Est-ce à dire que les investisseurs n’ont pas intérêt à y assister?
Dans une assemblée annuelle, tout est réglé au quart de tour, et les rares faux pas détonnent. Les discours du président du conseil d’administration et des dirigeants sont écrits à l’avance. Chacun salue les bons coups de l’année précédente et assure que l’entreprise saura trouver les moyens, tôt ou tard, de surmonter les défis.
Certes, il y a des élections pour les administrateurs et les vérificateurs comptables, mais il n’y a aucun suspense: les grands actionnaires ont tous voté par voie électronique avant l’assemblée. Chacun est presque toujours élu avec plus de 95% des voix. De toute façon, il n’y a qu’un seul candidat en lice pour chaque poste disponible.
«C’est plus un rituel d’un autre âge qu’une véritable démocratie en action», estime Yvan Allaire, président du conseil de l’Institut sur la gouvernance des organisations privées et publiques.
Le seul moment de tension est la période des questions, où il y a toujours le risque que des actionnaires posent des questions délicates, comme l’ont fait des militants pro-Tibet chez Bombardier, il y a quelques années. Chez Transat, plusieurs actionnaires aiment interroger le volubile PDG, Jean-Marc Eustache, sur les tendances de l’industrie. Mais souvent, personne ne se pointe au micro »…