La rémunération de la haute direction d’une organisation
Un enjeu auquel tout le monde pense, mais dont personne ne veut parler.
Michel Nadeau | Ordre des conseillers en ressources humaines agréésDans le monde de la gouvernance, la rémunération de la haute direction d’une organisation demeure le dernier tabou. Un sujet « délicat » dont on parle du bout des lèvres et encore, à voix basse! Le ou les principaux intéressés feignent ne pas se mêler de l’opération qui, naturellement, les touche au premier plan.
Comme personne au conseil, notamment le comité de ressources humaines, ne veut aller au front et heurter les grands patrons, tout le monde se terre derrière des critères objectifs. Les ratios financiers et pourcentages de croissance sont des valeurs sûres. Mais à court terme, plusieurs facteurs peuvent influencer ces variables qui ont la vertu de ne pas être pas trop difficiles à atteindre. Par exemple, les banquiers doivent satisfaire les exigences de la Banque du Canada; évidemment, on ne dit pas que si vous ne satisfaites pas les attentes de la banque centrale, un commando d’experts envahira vos bureaux…
La façon la plus pratique de régler le problème est de se « faire accompagner » par un grand cabinet d’experts en rémunération qui ira sonder les « pairs ». Personne ne voudrait que son président soit moins payé que le président de la concurrence. En trente ans de carrière, je n’ai jamais vu une enquête où les cadres de la firme commanditaire de la recherche se classaient au 1er quartile. Donc, nos dirigeants si performants ont évidemment droit à des majorations, mais il faut surtout s’attaquer au « rattrapage » sérieux qui les affecte. On passe vite sur la population retenue pour la comparaison; parfois on prend un groupe de compagnies pour le salaire et un autre pour les avantages sociaux. La priorité est de revenir à la médiane en se défendant bien de chercher un premier quartile pour notre patron en or…