Gildan Les dirigeants pourraient empocher des millions, si l’action double
Stéphane Rolland | La Presse[…]
Revenu à la tête du fabricant montréalais de vêtements après un bref congédiement de quelque mois, le fondateur de l’entreprise, Glenn Chamandy, pourrait ainsi toucher une prime pouvant aller jusqu’à environ 60 millions US, si la cible est atteinte dans les délais prescrits.
Le conseil d’administration attribue une valeur de 13 millions US à cette prime conditionnelle dans le cas de M. Chamandy, mais celle-ci pourrait être plus élevée, si toutes les conditions sont remplies. Au total, sa rémunération est estimée à 26,9 millions US en 2024.
« Il y a un potentiel d’appréciation beaucoup plus élevé [que 13 millions US], mais il y a un potentiel que ce soit zéro aussi », constate le président-directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), François Dauphin.
L’expert de la gouvernance juge que l’objectif est « ambitieux ». Il souligne que l’investisseur activiste Browning West, qui a soutenu M. Chamandy après son congédiement en décembre 2023, avait mis de l’avant des cibles ambitieuses pour convaincre les actionnaires de le réintégrer dans ses fonctions au printemps dernier.
« Donc, en quelque part, il y a une certaine cohérence avec le discours, puis l’argumentaire qui a justifié la bataille de procuration », estime M. Dauphin.
En gouvernance, il y a toutefois un risque à ne prendre seulement que le cours de l’action en compte, prévient le professeur et codirecteur du Centre d’études en droit économie de l’Université Laval, Ivan Tchotourian.
Cela pourrait être un incitatif à prendre des décisions à court terme afin de gonfler le prix du titre, mais défavorable à l’entreprise à long terme, selon lui. « On sait bien que des décisions à très court terme peuvent, à moyen terme ou à court terme, affecter la pérennité de l’entreprise éventuellement, voire même mettre en danger l’investissement des actionnaires, mais sur une perspective plus longue. »
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Une lutte coûteuse pour les actionnaires
La guerre de procuration entre Browning West et l’ancien conseil d’administration, qui a congédié M. Chamandy, a coûté 89 millions US aux actionnaires, selon des informations contenues dans le rapport annuel de la société.
La somme pourrait être plus élevée puisque dix anciens administrateurs de Gildan poursuivent l’entreprise pour 25 millions. Leurs arguments n’ont pas encore passé le test des tribunaux.
L’ancien président et chef de la direction, Vince Tyra, a reçu une indemnité de départ de 15,9 millions US. Il a remplacé M. Chamandy pendant cinq mois.
M. Dauphin estime que l’indemnité de départ est compréhensible tandis que l’homme d’affaires a accepté un poste à l’avenir incertain. « Il savait qu’il s’en venait pour un job qui était sous attaque avec une probabilité non négligeable de perdre son emploi quelques mois après son entrée en poste. »
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