Baisse de taux d’intérêt: Le Canada freiné par les Américains
Francis Vailles | La PresseBaissera, baissera pas ? Les Canadiens attendent impatiemment une baisse du taux d’intérêt directeur de la Banque du Canada, une baisse vue comme salutaire, notamment pour le marché immobilier.
Malheureusement, il faudra probablement être plus patient que prévu, bien que l’inflation ait ralenti, si l’on se fie au vénérable expert Jean-Guy Desjardins, PDG de Fiera Capital. La raison ? Le Canada dépend des États-Unis, où l’inflation demeure élevée en raison d’une croissance économique surprenante.
« Personnellement, je pense que la Banque du Canada n’initiera pas à court terme une baisse de taux d’intérêt sans que les États-Unis soient aussi arrivés à un stade d’assouplissement monétaire, ou très près », a-t-il dit lundi matin lors d’une conférence organisée par l’Institut sur la gouvernance (IGOPP).
La conférence avait lieu la veille de la publication des données d’inflation de Statistique Canada du mois de mars, le mardi 16 avril.
Le fondateur de Fiera Capital prend rarement la parole en public. Ses propos sont néanmoins suivis, étant donné le parcours impressionnant du gestionnaire
Jean-Guy Desjardins est l’un des entrepreneurs financiers qui a connu le plus de succès au Canada depuis un quart de siècle. Fiera, de Montréal, a un actif sous gestion de plus de 160 milliards de dollars et son entreprise compte quelque 850 employés (en comparaison, l’énorme Caisse de dépôt et placement a un actif de 434 milliards).
L’homme d’affaires a repris la direction de Fiera en janvier 2023, bien qu’il ait passé l’âge normal de la retraite (il aura 80 ans l’automne prochain).
Son allocution de lundi, bien structurée, démontre la direction opposée que prennent le Canada et les États-Unis en matière de croissance économique et d’inflation.
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« Aux États-Unis, non, les conditions ne sont assurément pas en place pour justifier l’initiation d’un assouplissement monétaire [de la part de la Réserve fédérale]. Par contre, au Canada, oui, les caractéristiques économiques sont extrêmement favorables à un assouplissement monétaire en juin ou juillet », explique Jean-Guy Desjardins.
Cette différence de contexte économique risque de reporter sinon d’amoindrir la baisse de taux au Canada. Toute baisse de taux d’intérêt ici sans équivalent américain risque de faire pression à la baisse sur le dollar canadien. Et cette baisse de la devise hausserait le prix des importations, ce qui alimenterait l’inflation canadienne.
« La Banque du Canada va-t-elle aller à l’encontre du positionnement de la banque centrale américaine, avec les implications d’une telle décision ? », se demande Jean-Guy Desjardins.
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