22 janvier 2015

Attaques des fonds activistes : des effets controversés à long terme

Laurence Boisseau | Les Échos.fr

Les entreprises cotées ont toujours eu à subir les attaques des actionnaires activistes. Ce qui est nouveau en revanche, c’est le nombre de plus en plus élevé de ces batailles (de 27 en 2000, elles ont été de 320 en 2014), et la présence de fonds alternatifs, les gérants de « hedge funds », aux côtés de raiders plus classiques. Cela porte les montants des fonds gérés à des niveaux colossaux à 200 milliards de dollars.

De plus en plus fréquente, cette forme de contestation a-t-elle des effets bénéfiques ou néfastes sur les sociétés ? Souvent, si l’activiste fait entendre sa voix, c’est qu’il repère une faille dans la gestion, faille qui se traduit par une sous-valorisation des titres. Il propose des recettes qui valorisent mieux l’avoir des actionnaires : une meilleure allocation des capitaux, un retour aux actionnaires plus élevé avec des distributions d’actions gratuites ou plus de dividendes, des « spin off », des cessions d’actifs quand ces derniers sont moins rentables.

Politiques de court terme 

Fondamentalement, ces contre-pouvoirs sont utiles quand les conseils ne sont que des chambres d’enregistrement. A court terme en tout cas. Mais à plus long terme ? Cela n’a rien d’évident. Selon l’Igopp (Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques), un think tank canadien, ces investisseurs sont de passage dans l’entreprise. En moyenne, la durée de détention des actions s’élève à quinze mois. Elle est même inférieure à neuf mois dans près de la moitié des 1.164 cas étudiés.

Qui plus est, ces actionnaires agitateurs n’ont en tête que leurs intérêts. Peu leur importe celui des autres parties prenantes. En imposant aux entreprises ciblées des politiques de très court terme, l’effet de leurs attaques peut devenir toxique pour la santé économique d’un pays, en termes d’emploi notamment. Enfin, leur activité consiste parfois à déshabiller Pierre pour habiller Paul. Ce n’est qu’un transfert de richesse vers les actionnaires au détriment des employés et des créanciers de l’entreprise, souligne Yvan Allaire, professeur et président exécutif du conseil de l’Igopp, qui parle de « dommages collatéraux ». Les agences de notation S & P et Moody’s ont d’ailleurs prévenu des effets néfastes de la pression de ces activistes.

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