Promesses linguistiques d’un PDG: CAE, l’exception ou la (nouvelle) règle ?
Julien Arsenault | La PresseUn président recruté à l’étranger qui promet d’apprendre le français. CAE est la dernière multinationale québécoise à tenter l’expérience. Elle n’est pas la seule : 20 % des entreprises du classement des 30 principales valeurs de Québec inc. publié quotidiennement par La Presse ont fait de même.
« C’est assez élevé, réagit le directeur de l’Institut sur la gouvernance d’organisations publiques et privées (IGOPP), François Dauphin. A-t-on les processus nécessaires pour élever le talent ou former une pépinière de talent dans ces organisations ? La question mérite d’être posée. »
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Son embauche rompt néanmoins avec une tendance en vigueur depuis deux décennies chez CAE : un grand patron bilingue. C’était le cas de M. Parent et de son prédécesseur, Robert E. Brown (2004-2009).
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L’arrivée prévue de M. Bromberg dans la métropole ainsi que son engagement linguistique ont été annoncés dès sa nomination, ce qui laisse entendre que ces éléments ont dû faire l’objet de négociations « sérieuses », estime M. Dauphin. Principal actionnaire de CAE avec une participation d’environ 10 %, la Caisse de dépôt et placement du Québec a salué la promesse du nouveau patron de la multinationale.
Une tendance réversible ?
Recruter un chef de la direction à l’étranger ne signifie pas que l’on tourne définitivement le dos à des candidats internes francophones. La tendance n’est pas irréversible, mais les exemples sont rares.
En octobre dernier, le géant québécois des services-conseils en technologie de l’information CGI avait confié le poste de président et chef de la direction à François Boulanger pour remplacer George Schindler, un Américain. M. Boulanger occupait alors le poste de chef des activités de CGI au Canada en plus de chapeauter certaines divisions aux États-Unis ainsi qu’en Asie-Pacifique.
À l’automne 2023, après avoir montré la porte à Rania Llewellyn, qui ne maîtrisait pas le français et qui était domiciliée en Ontario, la Banque Laurentienne se tournait vers Éric Provost, alors responsable des services bancaires pour les particuliers et les entreprises, pour prendre les rênes de l’institution financière québécoise.
« Les retours en arrière existent, rappelle le directeur de l’IGOPP. Recruter un PDG à l’étranger, cela ne veut pas dire que la société perd son identité. »



