11 avril 2024

Salaires à la Caisse de dépôt: Des hausses et de l’argent laissé sur la table

Julien Arsenault | La Presse

Même s’il a vu son salaire total grimper de 7 % l’an dernier —— à 4,5 millions –, le grand patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) gagne moins que la plupart de ses homologues canadiens. Charles Emond aurait cependant pu en doubler plusieurs s’il avait pleinement atteint tous les objectifs qu’on lui avait fixés.

Du même coup, le président et chef de la direction du bas de laine des Québécois aurait pu faire passer ses émoluments à 6,1 millions, soit 35 % de plus que ce qu’il a obtenu en 2023, apprend-on, à la lecture du rapport annuel de l’institution, rendu public jeudi. Cet objectif correspond au « 75rang centile » du marché de référence utilisé pour établir les paramètres du traitement salarial de M. Emond.

Ce volumineux document révèle aussi que les six principaux dirigeants du gestionnaire de régimes de retraite ont eu droit à des primes et d’autres allocations totalisant 13 millions même si la performance annuelle a été légèrement inférieure à l’indice de référence. Leur rémunération globale — qui tient compte du salaire de base et des primes et autres avantages comme le régime de retraite — a totalisé 16 millions en 2023.

« Dans le cas de M. Emond, il n’a probablement pas atteint la totalité des objectifs qu’on lui avait fixés dans chacune des catégories qui servent à déterminer son salaire », observe François Dauphin, directeur de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP).

La rémunération « variable » du grand patron de la Caisse est calculée en fonction de trois composantes : le rendement global de l’institution, la stratégie d’entreprise ainsi que la performance individuelle. La CDPQ n’a pas offert plus de détails sur les cibles à atteindre dans chacune des catégories.

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Queue de peloton

Le marché de référence pour établir la rémunération du dirigeant de la CDPQ s’inspire de sept gestionnaires de caisses de retraite canadiennes. Selon les données compilées par La Presse, le traitement obtenu par M. Emond l’an dernier (4,5 millions) arrive en queue de peloton, devant le grand patron du Régime de retraite des enseignants de l’Ontario (Teachers’), Jo Taylor. Ce dernier a vu sa rémunération réduite à 3,7 millions après une année difficile qui s’est soldée par un rendement de 1,9 %.

Deborah Orida, présidente et cheffe de la direction d’Investissements PSP, qui gère les actifs des régimes de retraite des employés du gouvernement fédéral, a obtenu le traitement le plus généreux, à environ 7 millions. L’année financière de cette institution se termine cependant le 31 mars de chaque année, comparativement à celle de la CDPQ (31 décembre).

« Il faut rester fidèle aux objectifs fixés et le comité de rémunération de la Caisse ne semble pas utiliser son pouvoir discrétionnaire en matière de rémunération pour hausser les salaires alors que le rendement est positif, fait observer M. Dauphin. Si on s’en tient au plan établi, c’est de la bonne gouvernance. »

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