12 décembre 2018

SNC-Lavalin : Le message de la Caisse au marché

Francis Vailles | La Presse +

Dieu le sait et le diable s’en doute, dit-on. De quoi je parle ? De la volonté de la Caisse de dépôt et placement du Québec de prémunir SNC-Lavalin contre une prise de contrôle étrangère.

Selon ce que rapporte mon collègue Richard Dufour, la Caisse a pris une position musclée dans la firme de génie-conseil. En quelques mois, le bas de laine des Québécois a dopé sa participation dans le capital de l’entreprise en Bourse, à 19,9 %.

Il n’a pas été possible de faire confirmer par deux sources sûres qu’en achetant de tels blocs d’actions, la Caisse cherche spécifiquement à protéger la multinationale montréalaise d’une acquisition par une firme étrangère. Et publiquement, l’institution ne peut pas l’affirmer, car une telle déclaration ferait pression à la baisse sur le titre boursier, l’entreprise devenant moins susceptible de faire l’objet d’une offre d’achat et donc de voir l’action exploser.

Mais Dieu le sait et le diable s’en doute. Et ceux qui connaissent Michael Sabia savent que le dossier SNC-Lavalin fait partie de ses préoccupations, notamment le risque d’une mainmise étrangère. L’expert en gouvernance Yvan Allaire, de l’Institut pour la gouvernance (IGOPP), ne serait d’ailleurs pas surpris d’apprendre que les transactions boursières de la Caisse ont pour but de protéger ce siège social stratégique.

« Je doute que ce genre de transactions soit fait pour des gains boursiers à court terme », dit au téléphone Yvan Allaire, auteur de nombreux ouvrages sur la protection de nos sièges sociaux.

Et de toute façon, voilà précisément le double rôle de la Caisse de dépôt : faire croître nos fonds pour la retraite et développer l’économie du Québec.

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Au risque de se répéter, les sièges sociaux ont une importance capitale pour une économie. Ils font vivre une série de services spécialisés, notamment les firmes d’avocats, les courtiers, les firmes de marketing et les transporteurs aériens. Ces sièges sociaux ont aussi un apport financier considérable aux milieux caritatifs et culturels.

Or, SNC-Lavalin est l’une des 16 entreprises en Bourse du Québec qui ne bénéficient d’aucune protection particulière contre une offre hostile. Aucun actionnaire n’a d’actions à droits de vote multiples et aucune loi n’encadre sa propriété, comme c’est le cas des banques.

« Ça fait un moment que je le dis : pour protéger ces sièges sociaux, la Caisse et d’autres institutions du Québec doivent prendre une position dans le capital qui s’approche de la minorité de blocage [d’une vente], qui est de 33,3 %. »

Yvan Allaire, expert en gouvernance

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