15 septembre 2018

Quels rôles pour les sociétés d’État dans le tissu économique du Québec?

François Desjardins | Le Devoir

Le récent feuilleton entourant le projet éolien Apuiat a permis, selon certains, d’illustrer au grand jour toute la profondeur de la relation qui unit le gouvernement à son producteur hydroélectrique, une proximité qui n’étonne personne. Mais qui souligne, une fois de plus, la place immense qu’occupent les sociétés d’État dans le tissu économique du Québec et les finances publiques.

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« Le problème du Québec est un peu un problème de riches : les sociétés d’État sont rentables », dit Marcelin Joanis, professeur d’économie à Polytechnique Montréal et viceprésident à la recherche au CIRANO.

« Ça serait un autre dossier si on parlait de sociétés d’État déficitaires, à la VIA ou autre. Dans notre cas, ce sont des vaches à lait. La journée où on décide de les vendre, il y a un flux de revenu annuel qu’on perd. »

L’idée d’une privatisation complète ou partielle, une expérience que d’autres ont tentée même récemment (voir « Hydro One en Ontario »), semble avoir perdu de la vapeur au cours des dernières années, marquées par le retour des équilibres budgétaires.

D’autant plus que le sujet n’est pas simple, disent les experts, et que les trois grandes sociétés d’État qui rapportent ces dividendes évoluent dans des secteurs d’activité complètement différents les uns des autres.

Sans compter la difficulté à établir une valeur marchande. L’expert en gouvernance Yvan Allaire a tenté de faire le calcul en avril 2014. Sa conclusion : l’avoir des actionnaires d’Hydro-Québec pourrait valoir environ 30 milliards, avait-il écrit dans son blogue du journal Les Affaires.

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Avec la protection des sièges sociaux, un enjeu qui fait couler de l’encre depuis des décennies, la Caisse, comme actionnaire dans certains cas, a souvent été appelée à prendre des mesures pour éviter que des centres décisionnels perdent leur importance à la suite d’une vente à une société étrangère.

Au conseil de la Caisse, où Yvan Allaire a siégé de 2005 à 2009, la contribution de la Caisse à l’économie était « la sempiternelle question », dit-il. « Qu’est-ce que ça veut dire, et comment ? Et quelle est la contribution de la Caisse au développement économique ? Les réponses étaient multiples. Ce n’est jamais facile, mais pas impossible. »

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