171 cadres pour 926 employés chez Investissement Québec
44% plus de gestionnaires en trois ans, mais un impact qui fait du surplace
Valérie Lesage | Le Journal de MontréalLe nombre de cadres chez Investissement Québec (IQ) a fait un bond de 44 %, passant de 95 à 171 depuis 2019-2020, alors que les retombées économiques attribuables à l’organisme ont stagné au cours des deux derniers exercices financiers.
Que l’on regarde les investissements productifs ou les emplois soutenus, les recettes fiscales générées ou les ventes des entreprises aidées par IQ lors des deux derniers exercices financiers, tout reste à peu près semblable.
L’année d’avant, en 2019-2020, il y avait eu une progression notable cependant au chapitre des retombées économiques, autour de 25 %. Le PDG Guy Leblanc a alors rapatrié des responsabilités et 207 employés du Centre de recherche industrielle et 168 du ministère de l’Économie et de l’Innovation. Tout ça en plus de faire de nouvelles embauches. Au cours de cette période, l’effectif était passé de 476 à 926 employés, excluant le personnel-cadre.
«Les résultats ne sont pas instantanés quand on double la taille d’une organisation, mais il va y avoir des attentes de résultats beaucoup plus élevées dans les prochaines années», anticipe François Dauphin, PDG de l’Institut sur la gouvernance.
Depuis son arrivée comme PDG d’IQ, Guy Leblanc a exécuté la volonté du gouvernement d’entreprendre une réorganisation pour faire d’Investissement Québec le principal moteur du développement économique de la province. Les ambitions sont élevées : doubler les investissements étrangers en cinq ans et augmenter de 90 % les exportations des entreprises québécoises.
Lors du dernier exercice, IQ calculait avoir attiré 4,6 milliards $ en investissements étrangers, soit deux fois plus qu’en 2019-2020. Mais 85 % de cette somme provenait de multinationales déjà installées au Québec. La division internationale d’IQ a pratiquement doublé dans la réorganisation.
Masse salariale élevée
La masse salariale globale d’IQ est passée de 78,4 M$ en 2019-2020 à 150,7 M$ en 2021-2022. Le dernier rapport annuel fait état de salaires de base d’environ 95 000 $ pour les professionnels, mais de 150 000 $ à 173 000 $ pour les gestionnaires, en plus des primes au rendement. IQ a versé des primes de 12,3 M$ à l’ensemble de ses salariés l’an dernier, incluant les gestionnaires. Les cinq vice-présidents les mieux payés sont allés chercher une rémunération globale d’entre 671 000 $ et 890 000 $ chacun.
Le PDG de l’Institut de la gouvernance voit un lien possible entre l’imposante quantité de directeurs chez IQ et sa volonté d’attirer et retenir du personnel.
«Ils avaient un taux de roulement assez élevé, donc la volonté d’offrir une rémunération qui permet la rétention. Il y a peut-être une certaine générosité au niveau des titres ou postes-cadres pour s’assurer d’un taux de rétention plus élevé. Mais je ne dis pas que ça justifierait la création de faux postes, car ça ne serait pas une bonne solution pour régler ce problème», considère François Dauphin.
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Le ratio chez IQ est d’un cadre pour 5,4 employés, tandis qu’il est d’un pour 8,5 employés chez Loto-Québec.
À la Société des alcools, qui compte presque sept fois plus d’employés qu’Investissement-Québec, l’organigramme ne compte pas plus de vice-présidents et fait état de 108 directeurs, une quarantaine de moins que chez IQ. À cela, on ajoutera néanmoins des gérants de succursales.
«Il n’y a pas de comparable parfait. Cela dit, le ratio paraît anormalement bas chez IQ», analyse François Dauphin, PDG de l’Institut sur la gouvernance.
IQ indique avoir un ratio d’un cadre pour 7,26 employés, mais pour arriver à un tel résultat, l’organisme calcule avoir 1097 employés. Or, on nous a confirmé que les 171 directeurs et V.-P. étaient inclus dans ce nombre. Notre calcul se fait donc avec 926 employés.
Responsabilités morcelées
Un regard attentif sur la distribution des responsabilités de la grande équipe de direction d’IQ fait découvrir quelques éléments dignes de mention :
- Le vice-président Achat québécois et développement économique ne supervise aucun directeur, tandis que le V.-P. Gestion de risques en chapeaute 16.
- Aux ressources humaines, on a morcelé les responsabilités avec notamment une direction relations de travail, une direction expérience employé, une direction gestion de la paie et avantages sociaux, une direction communications internes et non pas une, mais deux directions acquisitions de talents, qui s’ajoutent à la direction acquisitions de talents internationaux, sous une autre des vice-présidences.
- Il y a trois directions Autorisation de crédit et deux directions qui s’occupent de valorisation de l’information. À qui donc s’adresser?
Une organisation qui compte 926 employés et 171 cadres, peut-elle être efficiente?
«Plus on ajoute de la complexité dans une organisation, plus il y a des coûts liés à cette complexité», note François Dauphin.