Un Fonds Michel-Nadeau au secours de la gouvernance des OBNL
Éric Desrosiers | Le DevoirUn nouveau fonds créé en l’honneur de Michel Nadeau viendra aider les organisations à but non lucratif (OBNL) québécoises à renforcer leur gouvernance.
Après avoir été journaliste économique au Devoir, dirigeant de la Caisse de dépôt et placement du Québec et ensuite cofondateur et directeur général de l’Institut sur la gouvernance des organisations privées et publiques (IGOPP), Michel Nadeau continuera d’accompagner le développement du Québec même par-delà son décès, survenu il y a presque deux ans tout juste.
L’IGOPP, soutenue financièrement par la Caisse de dépôt, devait annoncer jeudi la création d’un Fonds Michel-Nadeau visant à aider les conseils d’administration des OBNL québécoises à adopter les bonnes pratiques de gouvernance et à maximiser leurs chances de succès.
« Les OBNL sont les enfants très, très pauvres de la gouvernance », a observé cette semaine en entrevue au Devoir Patric Besner, vice-président à l’IGOPP. Constitués généralement de bénévoles qui n’ont pas de formation ni d’expérience comme administrateurs, leurs conseils d’administration peuvent parfois aller du groupe d’individus complètement à la remorque de l’équipe de direction de l’organisation qu’ils sont censés supervisée à un conseil qui se croit permis de tout faire jusque dans la microgestion.
Dans certains cas, on a affaire à de simples parents qui ont accepté de donner du temps pour la bonne cause, mais qui ont parfois du mal à garder la distance émotive requise. Il arrive que le manque de clarté des règles ou que les dysfonctions internes entraînent des donateurs dans la tourmente ou les fassent fuir, poursuit Patric Besner, qui cite la récente crise au sein de Hockey Canada comme exemple.
« On ne naît pas administrateur », dit-il. Et la formation, le diagnostic des bonnes et moins bonnes pratiques ainsi que l’amélioration des processus de reddition de comptes nécessitent rapidement du temps et de l’argent dont manquent souvent cruellement les OBNL.
15 000 OBNL
Or, le Québec compte sur plus de 15 000 OBNL qui jouent un rôle essentiel et croissant dans de multiples domaines de la collectivité, allant de la santé à l’éducation en passant par la culture, observe Ani Castonguay, première vice-présidente, Affaires publiques, à la Caisse de dépôt. Une meilleure gouvernance permet de maximiser le travail de chacun.
Le Fonds Michel-Nadeau sera doté de 100 000 $ pour les trois prochaines années. Il accordera chaque année des bourses à entre cinq et dix OBNL afin qu’elles puissent bénéficier des services des experts-conseils de l’IGOPP visant l’adoption de bonnes pratiques de gouvernance. La première période de sélection se terminera le 31 décembre.
S’associer à un tel projet allait de soi pour la Caisse de dépôt, explique Ani Castonguay. « C’est un moyen d’avoir un impact structurant et durable sur des organisations qui remplissent des missions importantes et parfois hyperlocales. »
Donner au nouveau fonds le nom de Michel Nadeau allait de soi aussi, poursuit-elle. « Il a dédié sa vie au service public, il était tout naturel de lui faire ce clin d’oeil. »
Journaliste en économie au Devoir dans les années 1970, avant de devenir dirigeant de la Caisse de dépôt à partir des années 1980 puis de passer à l’IGOPP dans les années 2000, Michel Nadeau a été un acteur de premier rang dans la construction du Québec inc., rappelait-on dans Le Devoir quelques semaines avant son décès, à la fin du mois d’octobre 2021.
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