16 octobre 2024

« Un dur constat d’échec » autour de l’école Bedford

Louise Leduc | La Presse

Onze enseignants (en majorité d’origine maghrébine)* d’une école primaire du centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) font l’objet d’une enquête.

Un rapport d’enquête indique que leur pédagogie était teintée de leurs valeurs conservatrices, au grand dam de plusieurs de leurs collègues, dont certains d’origine maghrébine aussi.

Le CSSDM et sa directrice générale, Isabelle Gélinas, sont particulièrement sur la sellette.

La députée libérale Marwah Rizqy estime que la directrice générale du CSSDM, Isabelle Gélinas, « devrait quitter ses fonctions ».

« Elle n’est pas la femme de la situation », estime-t-elle.

Un rapport accablant demandé par le ministère de l’Éducation sur un climat délétère à l’école Bedford, à Montréal, a été rendu public vendredi dans la foulée d’un reportage diffusé en 2023 au 98,5.

Il y est question d’enseignants maghrébins conservateurs créant un climat toxique dans l’école, criant contre des enfants, enseignant peu ou pas certaines matières au gré de leurs valeurs conservatrices et empêchant des collègues de faire leur travail auprès des élèves.

[…]

Des drapeaux rouges dès 2016

Le rapport d’enquête ministériel indique que de premiers drapeaux rouges ont été levés dès 2016.

L’année scolaire 2024 a pu commencer avec les mêmes enseignants problématiques. Comment est-ce possible ?

« C’est un dur constat d’échec des mécanismes de gouvernance », résume François Dauphin, président-directeur général de l’Institut sur la gouvernance.

Les écoles sont régies par des centres de services scolaires, dotés d’une équipe de direction et de conseils d’administration. Chaque école a sa propre direction, ses conseils d’établissement. Des protecteurs de l’élève existent dans chaque centre de services scolaire. Un protecteur national de l’élève s’est ajouté en 2023.

Et pourtant.

Les structures sont là, « les filets sont en place, mais c’est la mise en application [qui a fait défaut] », analyse M. Dauphin.

Jean Bernatchez, professeur à l’Université du Québec à Rimouski et spécialiste en gestion et gouvernance scolaires, croit qu’à partir du moment où le CSSDM a eu vent des problèmes à l’école Bedford et de leur ampleur, « ça aurait dû devenir une grande priorité ».

Un certain nombre de personnes n’ont pas fait ce qu’il fallait.

Jean Bernatchez, professeur à l’Université du Québec à Rimouski

Dans son « sommaire exécutif », le rapport d’enquête blâme le CSSDM et les directions qui se sont succédé à la barre de l’école. Le CSSDM, parce qu’il « a perdu de vue la situation de l’école Bedford en cours de route » et parce qu’il a « une faible capacité à effectuer des suivis », et les directions de l’école qui se sont succédé, parce qu’elles « peinent à imposer des formations aux membres du personnel ».

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