30 mars 2012

SNC-Lavalin et la gestion de crises

Yvan Allaire | Lesaffaires.com

Tous les quarts-arrière du lundi matin sont au travail! Tous les sages de l’après-coup pontifient! Qu’est-ce que SNC-Lavalin devrait faire, aurait dû faire, qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire.

Or, par définition, une crise survient de façon inattendue, imprévisible; ses effets échappent rapidement au contrôle des parties prenantes; les conseillers juridiques deviennent vite les maitres du jeu.

Leurs avis sont prévisibles : le silence est d’or; surtout pas d’interviews, pas de commentaires aux médias; trouvons les meilleures pistes de défense devant les tribunaux éventuels; recueillons et protégeons toute l’information utile, ou nuisible, à notre cause. Ces conseils sont sans doute sages et pertinents.

Mais est-ce vraiment la meilleure stratégie? Les exemples les plus célèbres de gestion de crise ont tous en commun une prise en charge très publique de la crise par le PDG, l’aveu d’erreurs et, s’il y a lieu, l’admission de responsabilité par l’entreprise, ainsi qu’une rapide diffusion des moyens mis en place pour corriger la situation et éviter une répétition des problèmes qui ont provoqué cette crise, quels qu’en soient les coûts.

Le grand public est doté d’un certain sens commun. Il comprend que, dans la gestion d’une grande entreprise complexe, des erreurs se produisent, des errances surviennent, que personne n’est parfait. Il se montre par contre moins tolérant s’il estime que l’on se tait sans raison apparente, que l’on diffuse au compte-gouttes l’information pertinente, que l’on se montre lent à divulguer les faits, que l’on n’assume pas pleinement sa responsabilité.

Évidemment, le public des investisseurs et gestionnaires de fonds affichent de façon plus tangible sa mauvaise humeur soit, en liquidant son investissement dans la société, soit, ultimement par une démarche de recours collectif.

Pour les dirigeants et leurs conseillers juridiques, une faute d’omission leur semblera toujours moins périlleuse qu’une faute de commission. Souhaitons qu’ils aient raison…

(Les propos de M. Allaire n’engagent pas l’IGOPP ni son conseil d’administration).