Lobbyisme à la Caisse de dépôt ! Vraiment ?
Yvan Allaire | Lesaffaires.comSelon Le Devoir du 7 mars (dans un article signé par Robert Dutrisac), le Commissaire au lobbyisme du Québec estime que « toutes les entreprises qui sollicitent la Caisse pour obtenir du financement » doivent s’inscrire au registre des lobbyistes. (idem pour Investissements Québec)
Voici un excellent exemple, un exemple d’une grande valeur pédagogique, d’un phénomène bien connu : les effets pervers des bonnes intentions.
Nous sommes tous en faveur d’une éthique à toute épreuve dans le secteur public québécois, d’une transparence complète de toute démarche auprès des ministres et hauts fonctionnaires au sujet de lois, règlements, contrats et autres prestations de l’État.
Mais la Caisse devrait-elle demander à toute entreprise qui veut faire affaires avec elle d’inscrire comme lobbyiste tous les administrateurs et tout le personnel pertinent de l’entreprise ? Voyons un peu : la Caisse évalue des dizaines de dossiers pour chaque placement privé qu’elle effectue ; la Caisse traite avec des entreprises situées dans un grand nombre de pays.
La Caisse devrait donc, selon cette interprétation de la loi, demander aux dirigeants et membres du conseil d’entreprises françaises, américaines, ontariennes, espagnoles, chinoises de s’inscrire au registre dès qu’elles ont commencé de discuter de la possibilité d’un investissement de la Caisse dans leur entreprise.
Formuler la question ainsi, ce qui est la vraie question, montre le ridicule auquel peuvent mener les bonnes intentions.
Au plus vite, le commissaire au lobbyisme doit rajuster le tir et nous éviter de devenir la risée dans les cercles internationaux du placement.
(Les propos de M. Allaire n’engagent pas l’IGOPP ni son conseil d’administration).
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