Infidélité à un spectacle de Coldplay: Une démission inévitable ?
Isabelle Dubé | La PresseLes romances au bureau suscitent la fascination, surtout quand elles sont extraconjugales et filmées en direct. Est-ce que l’adultère consentant d’un président et d’une vice-présidente des ressources humaines filmés à un spectacle de Coldplay doit absolument être puni ? Jusqu’à coûter son emploi au grand patron ? Des spécialistes se prononcent.
La responsabilité accrue d’un PDG
Tous les gérants d’estrade ont leur opinion sur l’intelligence stratégique de l’ex-PDG d’Astronomer Andy Byron et le niveau de jugement de la vice-présidente des ressources humaines Kristin Cabot, qui doit faire respecter les politiques d’entreprise, notamment celles au sujet de l’amour au bureau.
Alors qu’ils assistaient au spectacle de Coldplay au Gillette Stadium à Boston, le 16 juillet, la foule – puis le monde entier – a vu M. Byron enlaçant Mme Cabot. Plutôt que de rester impassible en se voyant sur grand écran, la vice-présidente s’est vite caché le visage et le PDG a quitté le cadre. Un comportement louche, qui a enflammé les réseaux sociaux.
Selon les experts en gouvernance et en ressources humaines consultés par La Presse, la démission du PDG pris en flagrant délit d’adultère avec sa subalterne était inévitable. Même de vraies excuses publiques – une fausse lettre a circulé sur les réseaux sociaux – n’auraient servi à rien.
« Le fait que ce soit un PDG, il a une responsabilité encore plus grande de respecter les règles de l’entreprise et de montrer l’exemple », affirme Sylvie St-Onge, chercheuse à CIRANO et professeure titulaire au département de management à HEC Montréal.
« Aux États-Unis, c’est mal perçu d’avoir une relation avec un subordonné », poursuit-elle.
C’est ce qu’a indiqué entre les lignes l’entreprise sur LinkedIn en annonçant la démission de son PDG. « On s’attend à ce que nos dirigeants établissent la norme en matière de conduite et de reddition de comptes, et récemment, cette norme n’a pas été respectée », a écrit Astronomer.
« Le PDG avait sans doute peu d’options réalistes s’il souhaitait éviter d’entraîner l’entreprise dans une crise prolongée », soutient de son côté Amélie Dubois, consultante en ressources humaines, qui souligne que dans les circonstances, la démission peut être vue comme un geste de responsabilité.
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Le C.A. doit jouer son rôle
Le conseil d’administration ne peut pas rester les bras croisés dans une crise de la sorte, affirme Alexandra Langelier, vice-présidente exécutive de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP). Les membres doivent se rencontrer rapidement, explique-t-elle, et afficher publiquement les actions qui sont mises en place.
« Le C.A. doit montrer rapidement qu’il est conscient de l’enjeu de réputation pour l’entreprise, voire de sa pérennité. »
« Ça peut même être dangereux pour l’entreprise, parce qu’il y a beaucoup de réactions en ce moment, il y a des moqueries, de la frustration, les employés réagissent, il en va vraiment de la réputation de l’entreprise. »
Dans son rôle habituel, le C.A. doit s’assurer qu’il y ait des politiques qui encadrent les relations intimes, amoureuses ou de proximité entre différents employés ou dans une situation de hiérarchie et un plan d’action précis, explique-t-elle.
« Le C.A. ne fait pas de passe-droit même s’il s’agit du PDG et de la vice-présidente des ressources humaines. »
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