11 mars 2023

Faut-il craindre le superministre Fitzgibbon?

Même des membres du Conseil des ministres remettent en question le style de l’homme de confiance de François Legault

Nicolas Lachance et Rémi Nadeau | Journal de Montréal

Adulé par plusieurs de ses pairs à la CAQ et écorché par ses opposants, le superministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, en mène large. Jamais un ministre n’a détenu autant de pouvoir au Québec, ce qui pourrait mener à des dérapages et du favoritisme, estiment des experts. Intempestif, l’ami personnel du premier ministre François Legault commence à faire grincer des dents même au gouvernement.

« C’est sûr que je connais des gens, je connais tout le monde », a affirmé le ministre Pierre Fitzgibbon en novembre 2021, à la suite d’un rapport de la vérificatrice générale. Les documents démontraient qu’il avait utilisé son pouvoir discrétionnaire pour accorder 68 M$ d’aide financière à des entreprises durant la pandémie.

En 2018, lorsqu’il décide de plonger dans l’arène politique, celui que l’on surnomme « Fitz » depuis sa jeunesse est inconnu du grand public, mais une personnalité de haute réputation dans le milieu des affaires.

Présenté comme un « dealmaker » (négociateur), il siégeait à de prestigieux conseils d’administration comme ceux de la Caisse de dépôt et placement du Québec et de Transcontinental. Quatre ans plus tard, il est la personnalité politique la plus puissante du Québec avec le premier ministre.

À la tête du superministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, le député de Terrebonne est très influent, ce qui suscite des inquiétudes.

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Certains chiffres montrent bien l’ampleur des intérêts de Pierre Fitzgibbon, alors qu’il œuvrait dans le monde des affaires : Il a été dirigeant, administrateur ou actionnaire unique d’au moins 38 compagnies, indique le registre des entreprises. Au moins 157 personnes ont siégé à un conseil d’administration en même temps que lui.

Selon Patric Besner, VP de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques, cette situation est normale. « Dans un contexte où vous faites partie d’un fonds d’investissement, vous allez avoir une quantité très importante de [C.A] pour vous assurer que ce qui a été promis et ce qui va être livré soient au même diapason », explique-t-il.

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