C’est le jour J pour l’avenir de Transat
François Desjardins | Le DevoirÀ moins d’un imprévu majeur, les actionnaires de Transat connaîtront vendredi matin le résultat du vote sur l’offre d’achat d’Air Canada, qui ferait passer le voyagiste entre les mains du transporteur pour 720 millions. Le vote devrait être favorable, a estimé jeudi un expert en gouvernance.
Les actionnaires avaient jusqu’au 21 août pour voter par procuration, mais l’assemblée prévue dans un hôtel de Montréal permettra à ceux désirant voter sur place de s’exprimer publiquement sur la transaction, présentée comme un mariage d’intérêt public par les deux entreprises alors que d’autres craignent des effets négatifs sur la concurrence et des pertes d’emplois.
Air Canada, qui promet de maintenir le siège social de Transat et les marques, a dû augmenter son offre de 40 % en cours de route afin de convaincre le plus gros actionnaire, la firme de placement Letko Brosseau, de déposer son bloc de 19,3 %. Le transporteur aérien souhaite mettre la main sur 100 % des actions.
Actionnaires discrets
En dévoilant sa proposition bonifiée le 11 août, le transporteur avait indiqué que le geste reflétait des discussions avec « plusieurs autres » grands actionnaires, sans toutefois les nommer. Le Fonds FTQ, qui détient 11,6 % des actions, n’a pas voulu dévoiler son intention de vote à l’avance, tout comme la Caisse de dépôt et placement, qui possédait un bloc d’environ 6 % au 31 décembre dernier.
Si le Fonds FTQ et la Caisse avaient décidé de voter contre l’offre, elles l’auraient probablement fait savoir publiquement avant aujourd’hui, a affirmé jeudi Yvan Allaire, président exécutif de l’Institut sur la gouvernance des organisations privées et publiques (IGOPP).
L’assemblée étant imminente, M. Allaire estimait « hautement improbable » de voir surgir, au dernier moment, une offre hostile provenant d’un autre acquéreur intéressé. « Se pourrait-il, par ailleurs, que 33 % des actionnaires votent contre l’offre [d’Air Canada] ? Ça reste toujours une possibilité. À ce moment-là, on recommencerait à zéro, et il pourrait y avoir de nouvelles offres. Mais mon sentiment, c’est que ça va passer assez fortement. »
Le Groupe Mach, spécialisé dans l’immobilier, a tenté de faire dérailler le processus en offrant aux actionnaires 14 $ l’action, soit un prix légèrement supérieur à la première offre de 13 $ proposée par Air Canada. Mach souhaitait mettre la main sur 19,5 % des actions pour exercer les droits de vote contre la proposition du transporteur et s’engageait à faire le paiement trois jours après le vote. L’opération s’est vite retrouvée devant un tribunal spécialisé, qui a décidé de l’interdire.