28 avril 2022

CDPQ – La rémunération des dirigeants à près de 20 millions

Julien Arsenault | La Presse

La bonne année de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) pousse vers le haut la rémunération de ses six principaux dirigeants, qui frôle les 20 millions en tenant compte des sommes compensatoires reçues. Il s’agit d’une hausse de 30 %. De plus, l’un des principaux patrons de l’institution travaille désormais à New York.

Charles Emond, le président et chef de la direction, a eu droit à un traitement de 4,5 millions l’an dernier, en hausse de 30 %. L’ex-gestionnaire de la Banque Scotia a aussi eu droit à 1,8 million de plus – le dernier paiement prévu à sa prime d’embauche, qui remonte à 2019. Cela fait passer sa rémunération à 6,3 millions. Les émoluments tiennent compte du salaire de base, de la rémunération incitative et des autres avantages.

Ces informations figurent dans le rapport du gestionnaire de régimes de retraite déposé jeudi à l’Assemblée nationale. Le document fait le point sur la dernière année, où l’institution a obtenu un rendement pondéré moyen de 13,5 %, supérieur à son indice de référence de 10,7 %.

« Il s’agit [en 2021] des meilleurs résultats en 10 ans pour la Caisse, a souligné son porte-parole, Maxime Chagnon, à propos des sommes versées aux six plus hauts cadres. Le programme est là pour rémunérer la performance obtenue. »

En 2020, la haute direction de la CDPQ avait eu droit à environ 15 millions, mais la composition de l’équipe a changé en cours de route. Les deux autres dirigeants en poste pendant toute l’année, Emmanuel Jaclot, premier vice-président et chef des infrastructures et Kim Thomassin, première vice-présidente et cheffe, Québec, ont eu droit à des augmentations de 41 % et 24 % respectivement l’an dernier.

Encore des à-côtés

La Caisse a versé 3 millions en paiements compensatoires en 2021 à quatre de ses principaux cadres. Puisque les versements s’échelonnent sur plusieurs années, ils permettent de retenir les gestionnaires, plaide la Caisse.

« C’est de la gestion de risque que de l’étaler dans le temps, estime le directeur de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP) François Dauphin. Si la personne part, on n’est pas pris au dépourvu. »

S’il n’y a pas d’autres changements dans l’équipe de M. Emond, la plupart de ces paiements cesseront d’être versés après 2022.

Par ailleurs, la CDPQ compte maintenant un dirigeant établi à temps plein à New York, Martin Laguerre, le chef des placements privés. Il est le seul des six membres de la haute direction qui travaille à l’extérieur. Les États-Unis représentent 44 % du portefeuille global de la Caisse. C’est le principal marché de l’investisseur institutionnel.

« Ce n’est pas inquiétant dans la mesure où la CDPQ a une identité québécoise forte, fait valoir le professeur Yan Cimon, du département de management de l’Université Laval, à propos du lieu de travail de M. Laguerre. Si vous regardez la prépondérance des États-Unis dans le portefeuille de l’institution, c’est logique. »

Pas le mieux payé

Malgré la forte hausse de sa paie globale, les émoluments de M. Emond demeurent inférieurs – en faisant abstraction du versement spécial attribuable à sa prime annuelle – lorsqu’on les compare à certains de ses homologues.

Au Régime de retraite des enseignants de l’Ontario (Teachers), les émoluments du plus haut dirigeant ont été de 5,8 millions. Du côté du Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario (OMERS), le salaire global du président s’est établi à 5,1 millions en 2021.

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