8 novembre 2017

Le courtermisme prépare la prochaine crise

L’impact du «retour des actionnaires» attise les comportements spéculatifs

Gérard Bérubé | Le Devoir

Grande responsable de la crise de 2008, l’industrie financière prépare la prochaine. La même fièvre spéculative est revenue, alimentée par cette obsession du court terme et de la maximisation du rendement des actionnaires.

[ … ]

Et ce n’est pas qu’une affaire américaine. Gilles Bourque cite la lecture faite par l’Institut sur la gouvernance (IGOPP) soulignant qu’une même proportion des entreprises composant l’indice français CAC 40, soit 76 %, avait procédé à des rachats d’actions au dernier trimestre de 2015, représentant en moyenne 23 % des bénéfices annuels.

Ce diktat de l’immédiat se trouve pérennisé par une politique de rémunération des hauts dirigeants basée sur des indicateurs incitant à la performance à court terme. On pense à un bénéfice par action cible et à un objectif de rendement total pour l’actionnaire. Yvan Allaire, président exécutif du conseil de l’IGOPP, donnait en exemple ce choix des dirigeants empruntant la voie facile des rachats d’actions plutôt que de mettre à contribution les liquidités de l’entreprise dans des projets d’investissement et de développement à long terme. En jouant sur le dénominateur, on alimente une hausse du cours de l’action, ou on compense l’effet de dilution venant de l’exercice d’options provoqué par cette hausse du cours, au détriment d’une performance basée sur la création de valeur à long terme et traduisant une préoccupation sociétale.

Lire la suite