150 M$ de fonds publics dans des firmes du mandataire de Fitzgibbon
Six entreprises codétenues par Michel Ringuet ont eu de l’aide financière de Québec
Sylvain Larocque | Le Journal de MontréalQuébec a investi près de 150 millions $ dans six entreprises codétenues par une firme de Michel Ringuet alors que celui-ci était mandataire de la fiducie du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.
Les investissements ont été faits en 2020 et en 2021, soit avant que M. Ringuet ne cède sa place, à Banque Nationale Trust, comme mandataire de M. Fitzgibbon, en janvier 2022.
Les entreprises en question – Lion Électrique, LMPG, E2IP, Averna, Gelpac et Meubles Saint-Damase – comptent toutes parmi leurs actionnaires W Investments, une firme de placements cofondée par Michel Ringuet en 2019.
Ce sont donc six des 13 entreprises québécoises que compte actuellement W Investments dans son portefeuille qui ont bénéficié d’un coup de pouce de Québec.
Les liens entre M. Ringuet et le ministre Fitzgibbon n’ont joué aucun rôle dans ces transactions, a assuré hier au Journal David Waddell, cofondateur et associé principal chez W Investments.
«En aucun moment je n’ai eu connaissance que Michel Ringuet ait pu intervenir [au nom] des entreprises qu’on a en portefeuille», a-t-il insisté.
Pas d’intervention politique
«S’il faut soutenir nos entreprises en portefeuille, on va le faire, mais ce n’est vraiment pas via des interventions auprès du ministre, quel qu’il soit. Ce n’est pas une façon de procéder chez W», a-t-il ajouté.
Selon M. Waddell, «la majorité des entreprises en croissance au Québec» bénéficient d’une aide de l’État.
«On n’a pas besoin de connaître qui connaît quelqu’un qui connaît un ministre, lance-t-il. On va sur le site d’Investissement Québec, il y a un paquet de programmes d’aide aux entreprises qui existent.»
[…]
Manque de transparence
Patric Besner, vice-président de l’Institut sur la gouvernance, ne croit pas que M. Fitzgibbon devait se récuser dans ces dossiers. Il estime toutefois que le ministre aurait dû se montrer plus transparent.
«Malgré le fait qu’il n’y a peut-être pas de conflit d’intérêts, c’est sûr et certain qu’autant pour l’entreprise que pour M. Fitzgibbon, ce n’est pas une mauvaise chose d’être encore plus transparent, surtout qu’il a eu certaines problématiques par le passé, notamment avec la commissaire à l’éthique, a déclaré M. Besner. Autrement dit, il doit y avoir un sans-faute de son côté […] principalement [en ce qui a trait à] la perception de la population, d’autant plus qu’il est devenu superministre.»
- Mots clés:
- Éthique
- Organismes publics