La règle d’or de la gouvernance
Yvan Allaire | Lesaffaires.comRègle d’or de la gouvernance : « Les valeurs morales, l’éthique et la probité sont les seuls vrais garants de l’intégrité du fonctionnement des organisations et des sociétés»
Ces valeurs lorsqu’elles sont largement partagées, lorsque l’organisation ou la société s’assure de la socialisation de tout nouveau membre à ces valeurs dès leur insertion, agissent comme un puissant contrepoids à l’opportunisme et au calcul à courte vue. Ces valeurs influencent la prise de décision et balisent les comportements. Ceux qui s’écartent des normes sociales sont châtiés, honnis et exclus du groupe.
Mais, direz-vous fort justement, ce monde n’existe plus, pour autant qu’il ait déjà existé. Comment assurer l’intégrité du fonctionnement des institutions publiques ou privées dans un monde aux valeurs morales incertaines, à l’éthique étiolée, suintant de cupidité?
Par des règles, des mécanismes de contrôle et des ressources de surveillance compétentes et suffisantes en nombre. Cette forme de gouvernance est inférieure à la première mais c’est le pis-aller pour le monde tel qu’il est devenu.
Or, ironie des ironies, alors que cette forme de gouvernance est devenue incontournable, voici que des gouvernements, secrets dévots d’un néo-libéralisme malsain, sabrent dans les dépenses publiques, souventes fois visant les organismes de protection de la société civile : salubrité des aliments, protection de l’environnement, de la sécurité et de la santé au travail, agences de surveillance des marchés financiers, etc.
Le phénomène connait son heure de paroxysme aux États-Unis dont le système politique est soumis à la Fronde du « Tea Party » et au dur labeur des lobbyistes.
Le gouvernement conservateur, enfin majoritaire, boit-il de cette eau? Dans son dernier budget, le gouvernement fédéral s’en prend aux dépenses « inutiles » chez Élection Canada, Environnement Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, et, bien sûr, Radio-Canada, entre autres.
Mais nous assure le document budgétaire, ces coupures sont « modestes » et ne ressemblent en rien aux coupures radicales qu’ont dû s’imposer les gouvernements européens pour équilibrer leurs finances publiques.
Au Canada, les coupures annoncées ne font que rendre l’appareil plus productif, plus efficient, comme le souhaite tout bon gestionnaire. Ainsi, écrit-on, «[d]ifférents ministères et organismes ayant des mandats, des programmes et des objectifs stratégiques similaires, par exemple les agences de développement régional, Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada, ou encore Agriculture et Agroalimentaire Canada et l’Agence canadienne d’inspection des aliments, réaliseront des économies en fusionnant leurs services administratifs. »
Un modeste bravo mêlé d’une bonne dose de scepticisme !
(Les propos de M. Allaire n’engagent pas l’IGOPP ni son conseil d’administration).
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