16 avril 2012

Un plafond aux bonus des banquiers?

Yvan Allaire | Lesaffaires.com

Selon le Financial Times du 12 avril 2012, les parlementaires de l’Union européenne seraient sur le point de légiférer pour imposer un plafond aux bonus des banquiers. Il semble que le ratio médian du bonus par rapport au salaire serait de 122% pour les PDG de banques sur le territoire européen et de 139% pour les autres « preneurs de risque » selon la nouvelle terminologie post-crise financière.

Dans un certain pays toutefois, ce ratio atteint 313% pour les traders, synonyme de « preneurs de risque »; dans une institution, le ratio aurait même atteint 429% pour le PDG et 940% pour les autres « preneurs de risque ».

Le parlement européen voudrait plafonner le ratio du bonus au salaire à 100%, le genre de mesure mal conçue qui mène à des distorsions pires que celles que l’on cherche à corriger.

Qu’en est-il du ratio bonus sur salaire pour les banquiers canadiens?

Pour les PDG des six grandes banques canadiennes de 1998 à 2010, ce ratio varie de 50% à 272%; il s’établit à 100% pour 2007 et 2008, 125% pour 2009 et 200% pour 2010.

Toutefois les résultats les plus surprenants proviennent de la compilation de ce ratio pour les deux dirigeants les mieux payés (autres que le PDG). Ceux-ci proviennent souvent des secteurs autres que les activités bancaires traditionnelles et portent des titres comme chef de la direction, marchés des capitaux ou encore premier vice-président aux marchés financiers.

Pour ces deux dirigeants le rapport entre bonus et salaire a varié entre 185% et 637% pour la période 1998-2010. En 2007, 2008 et 2010, le ratio bonus/salaire s’est maintenu à 400%.

Souhaitons pour eux que les agences de règlementation canadiennes n’adoptent pas des mesures à la sauce européenne en matière de rémunération. Toutefois la question fondamentale demeure: comment le système de bonus peut-il inciter ces « preneurs de risque » à s’engager dans des voies périlleuses pour l’entreprise et éventuellement, compte tenu de leur taille, pour toute la société.

(Les propos de M. Allaire n’engagent pas l’IGOPP ni son conseil d’administration).