24 janvier 2020

Un autre coup dur pour l’industrie manufacturière

Philippe Orfali | Journal de Montréal

Racheté par le fabricant de poupées Barbie en 2014, Mega Brands a longtemps été l’un des fleurons du secteur manufacturier québécois. Difficile toutefois pour des usines québécoises de concurrencer des entreprises installées en Inde ou en Chine.

Il y a six ans, Mattel a mis la main sur l’entreprise fondée par la famille Bertrand en 1967 pour la somme de 460 millions $ US. Quelques mois plus tard, la compagnie recevait une aide financière de 18 millions $ d’Investissement Québec après avoir menacé de déménager les activités de Mega au Nouveau-Brunswick.

Période trouble

La compagnie montréalaise venait alors de traverser une période trouble, ponctuée de transactions difficiles, de délocalisation, de rappels de jouets en raison de dangers potentiels et de recours judiciaires intentés par LEGO.

« Ils avaient frôlé la faillite, puis ils avaient redressé un peu les choses avant de vendre à Mattel », se rappelle Michel Nadeau, de l’Institut sur la gouvernance des organisations publiques et privées (IGOPP), autrefois lui-même actionnaire de l’entreprise cotée à la Bourse de Montréal. Ottawa et Québec lui avaient alors consenti près de 12 millions $ en prêts sans intérêt.

L’ex-numéro 2 de la Caisse de dépôt et placement du Québec déplore la fermeture de l’usine et l’élimination de ces 600 emplois. Celles-ci étaient toutefois prévisibles, selon lui, vu le faible niveau de sophistication des installations et des produits de Mega à Montréal.

« Ce sont des usines qui répondaient aux besoins d’une autre époque », a-t-il estimé.

La Caisse de dépôt et le Fonds de solidarité FTQ avaient investi dans l’entreprise il y a plusieurs années. Ils n’ont toutefois plus aucune participation dans celle-ci depuis un certain temps.

Pas la première fermeture

Sous la direction des frères Marc et Vic Bertrand, déjà, quelques délocalisations d’emplois avaient eu lieu.

En 2009, lors d’une fermeture d’usines, Mega Brands affirmait confier à des fournisseurs chinois la production de 50 % de ses jeux de construction. L’autre moitié représentait alors les 600 à 1000 postes de Montréal.

Porte-parole du Fonds de solidarité FTQ, Patrick McQuilken a déploré la plus récente fermeture. « C’est sûr qu’on a toujours une pensée pour ces 600 travailleurs. » Il a dit souhaiter que ceux-ci, parmi lesquels on compte un nombre important de femmes et d’immigrants, puissent se replacer sous peu.

M. Nadeau estime que dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, cela devrait se faire sans trop de problèmes.

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