Rémunération: l’écart grandit encore plus entre les PDG et nous
La rémunération des patrons les mieux payés au Québec a bondi de plus de 15 % l'an dernier
Sylvain Larocque | Le Journal de MontréalEncore une fois, l’an dernier, la rémunération des grands patrons québécois a progressé plus rapidement que celle de l’ensemble des travailleurs, ce qui a contribué à accroître les écarts de richesse.
Les 30 PDG les mieux payés au Québec ont vu leur rémunération totale bondir de plus de 15 % en moyenne en 2022, indique une compilation effectuée par Le Journal.
C’est davantage que la hausse de 7,7 % constatée par la firme Equilar pour la rémunération des PDG de 154 des plus grandes entreprises américaines.
C’est deux fois plus que l’inflation, qui a explosé l’an dernier pour atteindre 6,7 % au Québec.
Et c’est trois fois plus que l’augmentation de la rémunération hebdomadaire moyenne versée aux travailleurs québécois, qui s’est établie à 4,5 % en 2022.
Les PDG «ont maintenu et même augmenté leur pouvoir d’achat malgré l’inflation», constate François Dauphin de l’Institut sur la gouvernance.
«On a atteint de nouveaux sommets, ajoute-t-il. Disons que l’inflation s’est aussi emballée pour les PDG.»
Moyenne de 9 M$
La rémunération moyenne des 30 PDG les mieux payés s’est élevée à environ 9 millions $, l’an dernier. C’est 153 fois la rémunération moyenne des travailleurs québécois, laquelle s’est établie à près de 59 000 $.
«La tendance est à la hausse cette année: il y a des inégalités plus élevées qui se créent», résume M. Dauphin.
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Objectifs trop faciles à atteindre?
Les primes en argent sont versées en fonction de l’atteinte d’objectifs établis au début de l’année – il s’agit principalement de cibles financières.
«Les objectifs ont tendance à être toujours atteints. Il y a peu d’entreprises qui ne paient pas de bonis lorsque les objectifs ne sont pas atteints», relève François Dauphin.
«Est-ce que les appréhensions de ralentissement économique et de récession ont fait en sorte qu’on a fixé des objectifs plus facilement atteignables? C’est peut-être une explication», poursuit-il.
Notons toutefois que Gildan, Alimentation Couche-Tard, Nuvei et Transcontinental, entre autres, ont réduit les primes versées à leurs PDG l’an dernier.
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