30 septembre 2011

L’État et le Marché

Yvan Allaire et Mihaela Firsirotu | IGOPP

Un vent froid…

On comprend facilement pourquoi la fin de la Guerre Froide a fait du marché, libre, mondialisé et omniprésent, le seul repaire idéologique des pays de l’Europe de l’est et de l’ex-URSS.

Les affres du socialisme/communisme, les pénuries chroniques et cruelles de biens essentiels que ce système engendra, l’oppression politique des citoyens par un État policier omniprésent qui en était la marque de commerce, l’interdiction brutale pour le citoyen de quitter le pays pour trouver refuge ailleurs, tout dans ce système conduit à une répulsion pour l’État, à une aversion envers tout ce qui émane de l’État. Ce sentiment est fort répandu dans les pays libérés du joug socialiste depuis la chute du mur de Berlin.

Toutefois, l’exemple fourni par l’État gluant et glauque des régimes socialistes a bien servi la promotion d’une idéologie des marchés, connue sous le nom de néolibéralisme.

Pourtant, cette idéologie néolibérale, dont le crédo est composé de dérèglementation des marchés, de privatisation des services publics, de partenariats publics-privés, de libre échange planétaire, est aussi porteuse de graves problèmes sociaux et économiques.

La dérèglementation des marchés financiers, apothéose du néolibéralisme triomphant, a conduit directement à la crise financière de 2007-2008, laquelle faillit faire basculer l’économie mondiale dans une profonde dépression économique. Les suites de cette crise sont encore manifestes dans l’économie anémique de la plupart des pays développés ainsi que dans la crise de confiance que vit le système financier et bancaire européen.

La crise financière aurait du faire en sorte que le néolibéralisme soit jeté aux poubelles de l’histoire. Pourtant, après une brève pause, ironie des ironies, cette idéologie a trouvé son deuxième souffle dans les programmes d’austérité adoptés par bon nombre d’États. Parce que la crise financière, dont le néolibéralisme est le principal architecte, a forcé les États à assumer des déficits accrus et une dette amplifiée pour composer avec la récession économique provoquée par cette crise financière, le néolibéralisme a refait surface camouflé sous le péril de l’endettement des États.

Le vent froid du néolibéralisme souffle à nouveau sur les États et leur population. L’objectif avoué des néolibéraux est de discréditer l’État, d’en arriver à un État rapetissé, à une prise en charge par le secteur privé de nombreuses activités naguères du ressort exclusif de l’État. Pour un néolibéral pur et dur, il ne suffit pas qu’il y ait un marché; il faut qu’il n’y ait rien d’autre que le marché.

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